Twitter ou l'oiseau bleu squatté par une bande de coucous braillards

Twitter va mal. Depuis le début de l'été, la presse américaine s'est même remise à évoquer des rumeurs de rachat. On fait remarquer que la capitalisation boursière de Twitter est de 20 milliards de dollars. C'est beaucoup, mais cela ne représente que 10% du cash que possède Apple. Bref le petit oiseau peut se faire avaler par la pomme. Et Google, qui ne réussit pas vraiment avec Google+, son réseau social maison, pourrait fort bien l'avaler aussi, le groupe de Mountain View ayant dégagé 3 milliards de dollars de bénéfices sur le seul deuxième trimestre.
Voir là-dessus le très bon résumé fait par ce journaliste des Echos sur iTélé.
Le PDG de Twitter a été débarqué. Le fondateur de l'entreprise est revenu à la barre, mais c'est juste un intérim. Pas de quoi relancer la machine en fait.
Car l'usage stagne. 316 millions d'utilisateurs actifs c'est bien mais il y en a plus d'1 milliard et demi sur Facebook, l'oiseau bleu a donc mauvaise mine en comparaison.
Tous ces chiffres reflètent une réalité qu'une étude réalisée en France par mes petits camarades de l'institut Occurrence permet de comprendre et dont les résultats donnent, de mon point de vue, une bonne illustration des difficultés du gazouilleur.
Occurence a établi le palmarès des personnalités les plus influentes sur Twitter en France. Influentes c'est à dire actives, suivies, reprises par les uns et les autres.
Le palmarès est dominé de très loin par les politiques, Anne Hidalgo, Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen tenant le haut du pavé. Occurrence a calculé un indice sur 140 points qui crédite Anne Hidalgo de 110 points, Sarko de 75,5 et Marine Le Pen de 59. Le premier non politique du palmarès pointe au 20ème rang et c'est un éditorialiste (Christophe Barbier), avec 18,70 points. Le premier chef d'entreprise est Xavier Niel et il pointe à la 49ème place du Top 100 avec 4,5 points, bref une misère.
Je ne sais pas quels résultats une étude du même ordre donnerait dans d'autres pays mais je pense que les résultats seraient comparables.
Twitter s'est donc fait gangréner par les politiques et, dans une moindre mesure mas ça va avec, par les médias. Ce n'est pas un réseau social, c'est celui de l'entre-soi, de la polémique politicienne, bref de tas de choses qui n'intéressent pas, ou alors très modérément, l'immense majorité des utilisateurs de réseaux sociaux. Si Facebook cartonne c'est parce qu'il fait désormais partie du quotidien de millions de personnes dans le monde entier et qu'il joue, parfois pour le pire mais souvent pour le meilleur (ou le contraire, c'est selon), le rôle de trait d'union entre des personnes qui sont ravies de s'y retrouver et de s'y faire des clins d'oeil.
Le modèle économique de Twitter est basé sur la publicité. Mais je ne vois pas quel intérêt les annonceurs peuvent trouver à s'accoler à des politiques. Dans les médias classiques, les annonceurs préfèrent investir en masse au milieu de The Voice plutôt que dans le Club de la Presse d'Europe 1, aussi respectable et vénérable soit cette émission.
Pour s'en sortir, Twitter va donc devoir se débarrasser peu ou prou de ces soi-disant leaders d'opinion et de leurs suiveurs qui lui bouffent l'énergie. Le nid de Twitter l'oiseau bleu est squatté par une bande de coucous braillards, souvent mal embouchés et qui utilisent le fil pour régler leurs comptes ou communiquer pour pas cher leurs états d'âme ou leurs positions pas toujours glorieuses. En la matière, les politiques ont été, c'est rare, des "early adopters"d'une invention numérique. Mais ils sont de très mauvais entraîneurs, ce que l'on sait déjà dans d'autres domaines.
Pour retrouver de l'oxygène et pouvoir voler tranquillement, Twitter a donc besoin de rencontrer le grand public, vous, moi, mes petites cousines et mes voisins de palier. D'où de grosses questions : que peut-on communiquer en 140 caractères point barre, peut-on rendre le hashtag familier au plus grand nombre, bref, comment peut-on sortir de l'ornière de l'opinion vite pondue voire du slogan de manif ? Peut-on échanger des points de vue sur Twitter sans se heurter à la bastonnade des bandes organisées ? En un mot, Twitter peut-il être un lieu d'échange entre des personnes qui acceptent de ne pas chercher à imposer leurs points de vue aux autres ?
La réflexion que Twitter a engagé est mondiale. Il se trouve qu'en France l'entreprise va se doter d'un nouveau big boss. Celui-ci, Damien Viel, prend ses fonctions le 1er octobre. J'aimerai bien faire sa connaissance et qu'on en cause. Faites passer !

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