C'est agréable d'être surpris !


COP21 : l’écologie change de ton

Jusqu'à ce week-end, ma perception des écolos était qu'il s'agissait d'abord de personnes qui pratiquaient le rejet : avec eux, nous n'étions pas en mal de bons et de méchants, eux étant dans le rôle des bons bien entendu, à l'exclusion des autres. Je les entendais plaider la décroissance, un truc qui ne fait envie à personne et à moi moins qu'à quiconque. Ils me vantaient les mérites du quinoa davantage que ceux de la viande de boeuf, ils s'accordaient un pétard de temps à autre, y'a pas de mal à se faire du bien et après tout le chanvre c'est une plante. Bref des gens avec lesquels j'ai du mal à m'entendre : j'adore les côtes de boeuf sur barbecue et le quinoa, ce n'est pas ma tasse de thé (vert). Quant à la mansuétude vis à vis des trafiquants comme des consommateurs de cames diverses, elle m'a toujours agacé, vu les catastrophes sur les cerveaux dont j'ai été le témoin impuissant, comme le pognon que cela procure à des individus, des groupements ou des Etats qui puent la mort et rien d'autre.

Il s'est donc produit un petit miracle ce week-end : on a trouvé un accord au terme de la conférence dite COP21, Fabius a eu la larme à l'oeil, Obama et les Chinois sont contents et Fillon s'est fendu d'un commentaire positif, comme Duflot.
Waow je me suis dit, il s'est donc passé quelque chose d'extraordinaire à Paris : nous avons réussi à montrer que, lorsque des gens de toutes sortes se réunissent avec la ferme détermination de résoudre des différents, ils peuvent y arriver au lieu de se jeter des anathèmes à la figure. Cela fait beaucoup de bien.

On a accepté de discuter, d'inclure dans les échanges aussi bien des associations d'alternatifs que des grosses boîtes cotées, sans oublier le Pape qui a envoyé une paire de mules manifester pacifiquement place de la République. C'est beau de voir que chacun peut travailler avec tous pour peu qu'il accepte de sortir de ses postures habituelles. Comme l'état d'urgence a empêché Besancenot et les cracheurs de mettre la pagaille, on a évité les slogans du coup il y a eu des échanges et des recherches d'actions concrètes.

Les ingrédients des bonnes négos
Je me doute bien que rien n'est parfait. Et d'ailleurs je m'en réjouis. C'est très ennuyeux la perfection. Je ne sais pas où elle se trouve et je m'en moque. D'autres négociations sont à venir et ce qui vient de se passer donne une bonne idée des ingrédients qu'elles devront réunir pour continuer à réussir, pour le plus grand bénéfice de toutes les parties prenantes. Reprenons ces ingrédients :

- l'objet de la négociation doit être bien mis sur la table et tous les participants être d'accord sur la raison d'être de la négociation et engagés à travailler sur le différend à résoudre. Sur ce point là, et pour s'en tenir aux déclarations de notre cher Président, j'avais trouvé que l'objet de la négo était bien posé. 
A quand un état d'esprit COP21 sur le droit du travail ou des retraites ?

- toutes les options sont les bienvenues. Nous ne parviendrons à affronter des enjeux considérables que grâce à la créativité de tous. Et si Engie a des idées, elles sont les bienvenues. Le greenwashing éventuel de telle ou telle entreprise me semble un péché très véniel. Sans les entreprises et le secteur privé, la planète ne pourra pas bien s'en sortir. Le capitalisme a un certain art pour trouver des solutions aux problèmes qu'il contribué à créer. Le sujet a besoin des ouvriers de la onzième heure. Tous ceux qui viennent sont les bonnes personnes. Mieux vaut tard que jamais braves gens. De toutes façons si l'option proposée par l'un ou par l'autre ne convient pas, on passe à la suivante. D'où la nécessité absolue de favoriser cette participation créative du plus grand nombre. 
A quand un état d'esprit COP21 sur le chômage en France ?

- une bonne négociation ne se termine pas par la volonté des uns imposée aux autres. Chacun doit y retrouver ses intérêts, c'est mieux si on veut voir l'accord s'appliquer. Du coup nous avons besoin de critères objectifs pour que chacun puisse rentrer chez soi sans se dire "je me suis fait avoir". Nous avons donc terriblement d'experts, d'études, d'analyses, y compris contradictoires.

- une bonne négociation contribue à renforcer les relations et c'est bon pour le futur. Il y avait tellement d'endroits où aller pendant ces quinze jours que, forcément, tous ceux qui s'y sont impliqués ont rencontré de nouvelles têtes. Et le brassage mondial n'a fait que favoriser ces mouvements. J'ai lu un article de Frédéric Martel qui raconte très bien cela.

Il y a donc dans cette COP21, dont personnellement je n'attendais rien au démarrage, un grand nombre d'ingrédients à retenir pour prendre en main les grands sujets qui nous préoccupent.

En tout cas, je suis content d'être surpris. Un matin de second tour d'élections régionales, je ne refuse pas !

Les régionales : l’engagement, ça aide aussi
Car à l'inverse, ces dernières semaines étaient plutôt consternantes. Je me suis un temps demandé si nous étions condamnés à subir les anathèmes des uns comme des autres sur tous les sujets. On a plutôt réagi avec dignité après les attentats mais les élections régionales voient galoper le pire dont on est capable, comme par exemple dans cette foutue vidéo. Si vous acceptez de supporter d'écouter le type qui s'exprime... Ce type a de la graine d'inquisiteur. Son ton patelin me fait froid dans le dos.

J'aurai préféré que Claude Bartolone s'en prenne à ce genre d'insanités plutôt que d'attaquer les bcbg de Versailles, d'Auteuil-Neuilly-Passy et pourquoi pas de St Germain en Laye tant qu'on y est :-). Bon, ça ne lui pas profité, c'est tant mieux, qu'il retourne à son perchoir.

Enfin, zéro région pour le Front National, et un score de 7 à 5 pour les autres. Le vent du boulet n'est pas passé bien loin. Cela dit, quand les gens se bougent, là encore, c'est à dire se mettent à exercer un droit de vote fort précieux qui vaut bien la possibilité d'aller à des concerts ou de boire des bières en terrasse, cela remet un minimum de pendules à l'heure. C'est ce qui évite à certaines régions, comme dans l'Est, de se brunir pour de bon.

Alors j'ai envie de continuer à être surpris. Ces régions ont été redessinées et elles ont des challenges à relever. De ce point de vue, je suis assez sceptique sur la gouvernance de nos chouettes régions. Quand vous regardez un bulletin de vote, vous vous demandez comment ça peut marcher. On y trouve un salmigondis de noms, un vrai foutoir. Pour ma part je préfèrerai voir une équipe en charge, avec des missions confiées à certains, et pas ce bazar qui illustre trop bien le "mille-feuilles administratif" et l'obésité de la technocratie. Et si on finit par arriver à discerner qui s'occupe de quoi et à comprendre les niveaux d'engagement, cela pourrait aider à réveiller durablement ceux qui dorment le week end au lieu d'aller voter. Y'a pas que le climat qui a besoin d'engagement.

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