Le GIEC, Poutine et la campagne électorale : il va faire chaud




Le réchauffement climatique : toujours un problème de com'

Le GIEC vient de sortir un nouveau rapport et cette fois-ci, ce n'est pas Lionel Messi au PSG qui lui fait de l'ombre, mais Vladimir Poutine lui-même, tous chars et toutes mitrailleuses déployées, sans parler des menaces atomiques aboyées à chaque occasion.

La communication du GIEC, c'est comme le réchauffement climatique, il y a toujours quelqu'un pour montrer qu'il y a plus urgent, plus immédiat.

Je me pose d'ailleurs des questions sur la stratégie de communication du GIEC. Certes la parole scientifique peut penser qu'elle doit pouvoir s'imposer d'elle-même. Un peu court. Si les gens les plus intelligents devaient être les plus visibles, nous verrions beaucoup moins de monde sur les plateaux TV. 
Déjà les candidats à notre élection présidentielle ne traitaient pas le sujet, même pas les écologistes en fait. Ceux-là veulent tellement traiter tout à la fois pour réussir leur synthèse associative qu'ils en deviennent brouillons. Si la lutte contre le réchauffement climatique est leur priorité, cela ne se voit pas assez.

The Shift Project et Jean-Marc Jancovici viennent de publier un bouquin qui pourrait inspirer un programme d'actions, D'ailleurs l'illustration de couverture montre une Marianne qui se retrousse les manches. Je remarque que Yannick Jadot n'y fait jamais référence. D'ailleurs les intervieweurs non plus. Et quand je mentionne les travaux de ce think tank à une écolo un peu énervée croisée au hasard d'un dialogue (sic) sur un réseau social, je m'entends répondre que je suis le jouet de manipulateurs de réseaux sociaux. A ce train-là, nous n'avons pas fini d'avoir trop chaud.

Poutine met le feu à l'Ukraine et redonne des couleurs à l'Europe

Ce qu'il y a de bien, si j'ose dire, avec Vladimir Poutine c'est qu'il nous met le nez sur le vrai sujet : l'attractivité de l'Union Européenne. N'en déplaise aux Brexiters, aux Hongrois ou aux Polonais très contestataires des règles de l'UE, sans parler de nos nationalistes maison, l'un des temps forts de ces derniers jours est cette visio-conférence entre le président ukrainien et les députés européens. 

Cela coûte très cher à l'Ukraine car le camarade Vladimir ne supporte tout simplement pas cette attraction de l'Ukraine, qu'il considère comme sa chasse gardée, pour une entité qu'il méprise. Comme il nous prend pour des imbéciles, des lâches et des gros mous nourris au Coca et à Instagram, il ne le comprend pas non plus d'ailleurs.

Que ce goût d'Europe chez les Ukrainiens, y compris les russophones, ôte quelques couleurs aux grandes gueules de notre campagne électorale me paraît en revanche être un effet collatéral plaisant.
J'espère que nous allons continuer à être à la hauteur du défi qui nous est lancé. Ce revival de l'attractivité européenne est une très bonne nouvelle.

Je relève au passage l'attitude des Américains et des Britanniques en amont de l'invasion de l'Ukraine. En clamant que Poutine allait attaquer l'Ukraine, ils ont dit la vérité, n'en déplaise à leurs détracteurs, et je me demande dans quelles proportions cette attitude a permis de donner un peu de temps à ceux qui tentaient une discussion. Ils ont en tout cas donné un exemple de la mise en pratique d'une stratégie de communication utile en négociation face à des personnes difficiles ! Cette stratégie consiste à désigner, à repérer la tactique de l'autre, "to name the game !". En l'espèce, il en reste quelque chose qui va rendre service. Les embrouilles autour de l'identité de l'agresseur ne sont plus possibles.

Au moment où nous en sommes, je me demande quel sera, à long terme, l'impact de la communication dans ce conflit. Car j'ai l'impression que jamais conflit ne s'est autant déroulé sous les images que tout un chacun peut fournir. Nous connaissions la guerre "vue à la télé" depuis la guerre du Golfe. Nous voici face à une guerre vue par les réseaux sociaux. Il y aura forcément des conséquences de cette ultra-médiatisation. Je me dis que le président russe n'est pas en maîtrise de ce sujet, tout cyber guerrier manipulateur qu'il puisse et sache être.

Ma conviction est que, de toutes façons, à terme, il a perdu. Il est à peu près aussi populaire dans le monde aujourd'hui que l'était Ben Laden en son temps. Il suffit de regarder le vote de la dernière résolution de l'Assemblée Générale des Nations-Unies. Je suis aussi nourri de la croyance que les gros biceps n'ont jamais les cerveaux à la hauteur de leur appétit de violence. Donc ils finissent par s'écraser, après avoir fait du dégât hélas. David a vaincu Goliath.

Il y a tellement de paramètres géopolitiques à observer que je ne me risquerai pas davantage, mais j'aimerai bien que les commentateurs de plateaux ne confondent pas fermeté et assertivité avec agressivité. C'est là que toute l'attitude du président ukrainien me semble extraordinaire. Toutes proportions gardées, il envoie une leçon de management formidable. Un dirigeant est quelqu'un qui s'implique, qui communique, qui montre la perspective. 

Campagne électorale : c'est chaud pour les sauveurs, les menteurs et la mortadelle

Transition toute trouvée avec notre brave campagne électorale. Nous en aurons bientôt fini avec les simagrées liées à la recherche de parrainages. Nous en avons aussi fini avec Christiane Taubira. Enfin !! Elle est partie en faisant la gueule, toute arrogance dehors, ce qui ne change guère de ses postures habituelles dont nous allons pouvoir nous passer avec bonheur.

Bon je n'en reviens pas que cet abruti de Nicolas Dupont-Aignan ou que l'ineffable Jean Lassalle aient obtenu leurs parrainages et je regrette beaucoup que François Bayrou se soit laissé piéger par les lamentations menteuses de Méluche, de la fille du facho et du pétainiste berbère. Lesquels en ont profité pour lui cracher dessus. Joli exemple de ce qui arrive à ceux qui endossent le rôle du sauveur, un excellent rôle pour se faire massacrer. Les victimes ne l'étaient pas, en réalité ! D'ailleurs, en proclament qu'elles l'étaient, elles ne voulaient surtout pas sortir de ce rôle !

A chaque fois, et quelle que soit la règle, c'est le même cirque autour de cette question des 500 signatures. Les journalistes adorent le sujet autant que les candidats, Consternant. En même temps ces jeux toxiques dans le triangle persécuteur-victime-sauveur sont riches de rebondissements, une mine d'or pour les médias à jets continus, difficile de résister à un tel os à ronger !

J'espère enfin que la guerre en Ukraine rappellera à tous ceux qui jouent la carte de l'abstention que voter n'a rien d'un droit éternel. 

Le dernier poncif agité par les commentateurs est celui de la campagne sans débat. Je ne sais pas s'il y aura, comme en 2017, des soirées où tous les candidats seront disposés en arc de cercle derrière des pupitres pour répondre aux questions de journalistes et pour s'envoyer des vacheries. Jusqu'à aujourd'hui, les candidats essayaient de faire croire que le président sortant et candidat à venir craignait de se livrer à cet exercice. Ben voyons comme dirait l'autre. Je ne me souviens pas non plus de débats de ce genre avant les mises en scène de 2017. Cela n'a pas rendu les élections de 1974, 1981, 1988, 1995, 2002, 2007 ou 2012 moins valables, d'ailleurs l'abstention était moins forte. Celles de 2017 n'ont d'ailleurs pas bouleversé les consciences.

Pour mesurer le décalage phénoménal qui existe entre un candidat et un président en exercice, il suffit enfin de regarder les images du "shadow conseil de défense" réuni par Valérie Pécresse, quelque part dans un local paroissial à Versailles visiblement, en compagnie de vieilles semi-gloires des gouvernements sous Chirac ou Sarkozy et de quelques hauts fonctionnaires encartés : c'était pathétique. Dire qu'ils ont osé railler les "amateurs" au gouvernement.

Son meeting ne lui a pas suffi ? Au pied de ces trois toboggans aussi prétentieux que comiquement révélateurs, Valérie Pécresse me faisait penser, dans son ton comme dans sa gestuelle, à Montfleury, cet acteur grotesque, cette "mortadelle d'Italie" que Cyrano de Bergerac interpelle "coquin ! disparaît ! je vais être obligé de te fesser les joues" pendant que le grotesque s'époumone "heureux qui loin des cours". Regardons cette scène sans nous lasser, "je désire voir le théâtre guéri de cette fluxion". Ah quel pied, allez ouste, du balai !

Sur la crise due à la guerre en Ukraine comme sur le Covid jusqu'à présent, comme sur le réchauffement climatique observable, comme sur tant d'autres sujets, balayons les bavards poseurs et retroussons-nous les manches, il y a un peu de travail, j'en suis désolé pour les adeptes de la fumeuse théorie de la fin du travail, du "big quit", qui semble fleurir sur le réseau social Reddit !


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