La création de la NUPES et les 7 caractéristiques du bon accord : le doute est permis
La création de la NUPES s'appuie-t-elle sur un accord créateur de valeur ? Il reste un mois avant le premier tour des élections législatives et je vais tenter de répondre à cette question... Ne riez pas trop fort. Ma sympathie pour LFI est quasi-nulle même si je reconnais un talent certain à Jean-Luc Mélenchon et à son équipe de com'. Mais bon, enfin, son "La République c'est moi" était un cri de colère et une revendication qui laissait percer un sentiment d'impunité qui me sort vaguement par les trous de nez, sans parler de son goût pour l'étatisme à tout bout de champ et, corollaire, de sa détestation des entrepreneurs.
Pour examiner la qualité de cet accord, je vais essayer de me placer du point de vue de ceux qui sont venus, tels des bourgeois de Calais (cf la sculpture de Rodin comme illustration de ce post), la corde au cou, remettre les clefs de leur cité au conquérant sans pitié.
Car, de façon assez élémentaire, c'est tout de même l'image qui m'est venue. D'un côté un gars qui montre ses 22% de muscles, de l'autre les chétives créatures à 2 ou 4%.
- Un bon accord est meilleur que les meilleures solutions de rechange à la négociation, c'est à dire, pour chacune des parties en présence, se présenter chacune de leur côté. Certes, les élections présidentielles ont favorisé Mélenchon, mais, localement, le PS, le PC voire EELV, avaient sûrement des candidats qui avaient du poids. Nous verrons d'ailleurs si les rebelles comme Carole Delga ont raison de se maintenir. Je leur accorde quand même le point, compte tenu du traumatisme de l'élection présidentielle et de l'effet "vote utile" qui a profité à JLM, ce qui montre l'envie et le désespoir mêlés de cet électorat. Un point donc.
- Un bon accord satisfait les intérêts des uns et des autres. Deux intérêts a priori : récolter suffisamment de fonds pour pouvoir continuer à fonctionner et maintenir un groupe parlementaire. Du coup, chaque candidat déclare officiellement sa candidature comme étant du PS, du PC, d'EELV ou de LFI, et pas comme des candidats de la NUPES. Conséquence : le ministère de l'Intérieur comptabilisera les voix séparément, ce qui peut nuire à l'effet de com'. Bref, en ne voulant pas trop se mouiller, donc sans mutualiser le financement, les signataires se sont probablement tiré une balle dans le pied. Une situation à méditer pour tous ceux qui veulent s'engager "à la carte". Les semi-engagements ne donnent pas le plus de résultats. Que la NUPES en profite pour réfléchir à l'Union Européenne à partir de cet exemple ;-) Je n'accorde donc pas ce point.
- Un bon accord s'appuie sur des critères objectifs, indépendants de la volonté des parties. Grâce à cela, aucune partie ne se sent lésée. Les sondages offrent pour l'instant ces critères. Ils n'ont sûrement guère eu le temps d'en faire localement. Les sondages nationaux, globalisés, sont-ils alors de bons critères objectifs ? Cela se discute ! Même si les sondages restent flatteurs, les critères objectifs de sortie pourraient remettre en question les critères objectifs de démarrage ! Car le critère objectif est bien dans la main de l'électeur. J'accorde quand même le point, dans le doute. Et de deux.
- Un bon accord débouche sur des options créatives, qui agrandissent la taille du gâteau. Or je ne vois aucune option créative nulle part. Le rapport de force a joué à plein. En plus à gauche, la vision du monde est toujours celle d'un monde "fini", quel que soit le sujet. Pas étonnant qu'ils soient décroissants et qu'ils n'aiment pas les entrepreneurs. Le PS (28 sièges aujourd'hui), le PC (15 sièges aujourd'hui) et EELV (17 sièges) finiront-ils plus pauvres ? LFI fera sûrement mieux en revanche (17 sièges aujourd'hui). Je n'accorde pas le point, LFI a trop la culture du rapport de force pour que je les crois créatifs.
- Un bon accord est le fruit d'une communication saine entre les négociateurs. Je ne sais pas pourquoi, mais je suis très réservé. Cette image des bourgeois de Calais, j'ai du mal à me l'enlever du cerveau. Pas le point donc.
- Un bon accord a un effet positif sur les relations entre les parties. Pour l'instant, c'est encore le cas. La suite de l'histoire, encore une fois, me paraît moins pavée de roses. Mais le lecteur pourrait juger que je commets là un procès d'intention. Admettons. J'accorde le point donc. Et de trois.
- Un bon accord débouche sur des engagements et des décisions clairs. D'où les 600 et quelque propositions du programme. Le moindre observateur relève l'ambiguïté de beaucoup de celles qui se veulent significatives. Je crains que les observateurs ne soient plus sagaces que JLM alias la tortue ! Je n'accorde pas le point non plus par conséquent
Bref, 3 points sur 7. Cela ne fait pas la moyenne. En fait, je pense qu'il fallait que la gauche soit unie à la présidentielle (après tout nous élisons une seule personne et JLM était bien le candidat le plus solide pour cet électorat-là) et qu'il est préférable de partir organisés mais différents aux législatives, car il y a 577 élections différentes et que multiplier les pistes de vote permet de collecter davantage, alors que là...
Bon, enfin, en attendant, la campagne de com' s'est bien lancée. Reste à voir si elle aura suffisamment de souffle. A force de se croire les plus vertueux et de s'auto-congratuler, JLM et sa bande ont une fâcheuse tendance à prendre leurs concurrents pour des imbéciles. Ce n'est pas une bonne idée.
Résultats des courses à venir ! Et souvenez-vous de cette grille de lecture pour analyser vos futurs accords, ce genre d'évaluation s'adapte à tous les sujets !
PS : au vu des résultats, j'ajoute donc un point : l'accord NUPES est créateur de valeur par rapport aux solutions de rechange qu'avaient le PS, EELV et le PC ; il satisfait bien les intérêts de chacun ; cela s'appuie désormais sur des critères objectifs. Je laisse le point sur un accord favorable à la relation entre LFI, EELV, le PS et le PC. La communication saine entre les 4, je garde mon doute ; la créativité, toujours non bien entendu ; les engagements clairs évidemment non.
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