En automne, les chemises blanches se ramassent à la pelle
Ce ne sont pas les infos à se mettre sous la dent qui manquent ce mois-ci. Un festival !
- Volkswagen : "Lügen haben kurze Beine"
Pour des raisons fort honorables, mes parents m'ont fait apprendre à l'allemand. Du coup j'ai fréquenté l'élite très tôt :-)
Des manuels "l'Allemand Facile" que j'eus en 6ème et en 5ème (après je ne sais plus, j'ai baillé en allemand jusqu'en terminale), j'ai retenu, allez savoir pourquoi, ce titre de chapitre qui est, ich glaube, un proverbe allemand : "Lügen haben kurze Beine". Cela veut dire "les mensonges ont des petites jambes". J'adore caser cette phrase lorsque j'anime des séminaires de négociation et que je vois mes participants, jeunes ou vieux, hommes ou femmes, gradés ou pas, bluffer ou mentir comme des arracheurs de dents dans les exercices dans lesquels je les plonge, et naturellement se prendre tôt ou tard les pieds dans le tapis.
Si c'est bien un proverbe, l'ex-CEO Martin Winterkorn a reçu 60 millions d'€ pour le méditer.
C'est incroyablement cher payé.
Je ne comprends pas comment on peut filer un centime à ce type. Il n'est pas celui qui a installé le logiciel en question, mais il porte sans aucun doute une responsabilité dans cette ahurissante histoire : son mode de management, ses exigences de résultats, que sais-je, je n'en sais rien. Mais je me dis que cette lamentable histoire est inspirée par la cupidité de bonshommes ou d'un système ou des deux et j'en suis révulsé. En plus je roule au diesel parce que la voiture qui m'intéresse n'a pas d'autre motorisation proposée par le constructeur (Peugeot en l'occurence). C'est dire si j'ai l'air d'un con et combien je suis en colère.
En matière de communication de crise, cela dit, je trouve que la marque ne se débrouille pas mal. Elle a été aidé par les adversaires du diesel. Leurs attaques pouvaient être tellement fortes, la stupidité de VW est tellement énorme que toute la filière est menacée. Or l'automobile, c'est systémique. Quand ça pète, les conséquences peuvent être supérieures au problème de départ. Donc tout le monde (la marque, ses dirigeants, les collaborateurs, les clients, les actionnaires, l'Etat, etc...) a intérêt à ce que VW s'en sorte.
Cela n'empêchera VW de payer une amende record mais, en communication de crise, plaider "on n'est pas seul" est une stratégie efficace. Dans le cas de VW, ô pain bénit, ce sont les adversaires du diesel qui proclament que VW n'est peut être pas seul. Du coup VW peut se concentrer sur les remèdes qu'il entend porter pour corriger le tir. Ce n'est pas facile mais c'est moins déstabilisant. La marque peut parler de ce qu'elle fait. Je crois donc que la marque survivra, à condition d'accepter de changer de ton. En ce qui me concerne, tout mannequin blond proférant "das Auto" ou "Deutsche Qualität" dans son élégante berline me paraîtra désormais totalement insupportable. Et la remarque vaut pour les autres constructeurs. Ce serait bien que l'on sorte un peu des codes de communication habituels de ce genre de produits.
- Air France : le drapeau blanc plutôt que la chemise !
Dans un précédent post, je parlai d'Air France ou la négociation perdant-perdant. Nous en étions restés là, avec de surcroît 400 millions d'€ de perte d'exploitation au compteur pendant la grève de fin 2014. C'est dire si la nouvelle négociation s'annonçait sous de frais auspices.
Toute cette affaire me consterne davantage qu'elle ne m'agace. Elle témoigne au minimum des croyances primaires que mes missions en négociation me font croiser : la négociation est au mieux un jeu au pire un combat, c'est normal qu'il y ait un perdant et un gagnant, pour gagner il faut que j'accepte de perdre (ils appellent cela passer un compromis), etc... etc... Bref nous manquons sérieusement de culture de la négociation. Le fondateur du Centre Européen de la Négociation, Michel Ghazal, dit tout cela très bien dans son blog.
Toute cette affaire me consterne davantage qu'elle ne m'agace. Elle témoigne au minimum des croyances primaires que mes missions en négociation me font croiser : la négociation est au mieux un jeu au pire un combat, c'est normal qu'il y ait un perdant et un gagnant, pour gagner il faut que j'accepte de perdre (ils appellent cela passer un compromis), etc... etc... Bref nous manquons sérieusement de culture de la négociation. Le fondateur du Centre Européen de la Négociation, Michel Ghazal, dit tout cela très bien dans son blog.
De plus en plus de ministres disent cela. Emmanuel Macron l'a dit il y a plusieurs mois au sujet des négociations entre distributeurs et producteurs comme industriels de l'agro-alimentaire ; Myriam El Khomri le répétait dans ses premières interviews, etc..
J'aime ces discours même s'ils sont peu suivis d'effets. Mais je ne suis pas sûr que nos élus aient bien compris les progrès à faire. J'entends encore trop l'appel au "compromis" et dans le cas Air France, l'appel aux uns ou aux autres à "faire un effort".
J'aime ces discours même s'ils sont peu suivis d'effets. Mais je ne suis pas sûr que nos élus aient bien compris les progrès à faire. J'entends encore trop l'appel au "compromis" et dans le cas Air France, l'appel aux uns ou aux autres à "faire un effort".
Pouah quelle horreur mais pourquoi voulez vous que les uns ou les autres aient envie de faire un effort. C'est très ennuyeux, c'est un très mauvais programme.
Je ne veux pas que les pilotes, les stewards, les hôtesses, les bagagistes ou les mécaniciens fassent des efforts, moi. Je veux qu'ils prennent plaisir à faire leur job, qu'ils trouvent ça marrant, excitant, agréable ou tout simplement intéressant, que cela nourrisse leurs goûts pour l'accueil, le contact, la solitude (dans les airs, la nuit, dans le silence du cockpit, que sais-je), les découvertes, etc... Car c'est cela qui sera contagieux, donnera aux clients envie de venir, donnera meilleur goût aux plateaux repas et pourra peut être même faire accepter d'être assis en classe éco dans ce foutu siège central (beurk).
Quand je constate le désastre, je me dis aussi que nos processus de dialogue social, bref les obligations légales des uns et des autres, ne facilitent pas ces négociations. Et je me vois revenir sur cette plaie qu'est le droit du travail en France, sur lequel tant de braves et moins braves gens s'arc-boutent.
Là-dessus je lis que le futur DRH de Air France, qui prendra son job début 2016, est l'actuel conseiller social de Manuel Valls.
Donc le gars qui s'est fait arracher la chemise est un type qui s'est fait virer ou qui est démissionnaire ! Comment voulez-vous qu'il y arrive, qu'il gère correctement l'état émotionnel extrêmement fort qui règne dans cette négociation.
Donc le gars qui s'est fait arracher la chemise est un type qui s'est fait virer ou qui est démissionnaire ! Comment voulez-vous qu'il y arrive, qu'il gère correctement l'état émotionnel extrêmement fort qui règne dans cette négociation.
Sa chemise, en fait, l'Etat l'a lui arrachée bien avant que les émeutiers ne le fassent.
Je ne sais pas qui est ce conseiller, mais honnêtement cette annonce fait désordre. Elle soulève un problème : qui parle, qui décide, qui gère ce bazar ? A la BPCE, la gauche a fait un procès à François Pérol qui était devenu le PDG de cette banque après avoir été le conseiller de Sarko en charge des dossiers qui ont concerné cette banque pendant la crise de 2008. Alors ce qui était malsain sous Sarko devient propre sous Hollande ? En plein pic de crise et de négociation de surcroît ?
- Cameron : en négo, c'est mieux de ne pas avoir d'ego
Les anglais sont en train de se demander s'ils ne vont pas aller se faire voir chez les grecs... La propagande bat son plein dans cette histoire et je la trouve risible. Vivement que toutes ces rodomontades cessent. Vivement le résultat de des référendums. Les Anglais sont hors de la plupart des cadres de l'Europe communautaire. Certains veulent en partir pour de bon et pensent que cela mettrai le continent à terre ? C'est sûr qu'on va progresser comme ça. David Cameron est juste en train de démontrer qu'à rouler des mécaniques il n'intéresse pas grand monde et de moins en moins ses propres concitoyens. Quand il s'agit de faire les malins, la concurrence est rude. A ego, ego et demi.
J'aimerai que l'Europe se réinvente. Pour accepter que la Catalogne, l'Ecosse ou même la Corse en deviennent membres si un jour ils décident de s'affranchir des Etats dont ils dépendent. Aux élections présidentielles de 1974, la toute première dont je me souvienne, il y avait 3 candidats exotiques dont les idées me semblent avoir fait un sacré chemin : Le Pen, d'abord, avec son bandeau sur l'oeil à l'époque, mais bon, je ne vais pas me réjouir. René Dumont ensuite, le père spirituel de tout écolo qui se respecte, qui buvait lentement un verre d'eau en fin de son intervention en nous avertissant que ce geste simple serait peut être un jour très compliqué. Il y avait aussi un fédéraliste, qui prônait la fin des nations et l'Europe des régions. Le gaillard, j'ai oublié son nom, n'était pas très inspirant de mon point de vue. Mais bon, plus le temps passe, plus je suis d'accord...
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