Jonathan Coe : mon antidote british
C'est sûr, quand mon beau-frère, un homme pondéré et raisonnable (et de goût), m'a annoncé "ils ont arrêté Dupont de Ligonnès", je me suis dit qu'on tenait là une info qui allait nous faire le week-end, histoire de nous changer de la mort de Saint Chirac, des Gilets Jaunes subclaquants, des protestataires du climat et des collapsologues de tout poil qui tiennent la grande forme par les temps qui courent si j'en crois ce débat à Sciences Po.
Coup de chance, j'avais autre chose à faire qu'à me ruer sur ces fichues chaînes d'information continues qui savent nous monter en épingle comme personne le moindre pet de travers de n'importe quel militant impliqué, concerné, dévoué, que sais-je encore, bref de n'importe quelle chaisière de toute cause qui a "des valeurs monsieur !". OK, ça va, je me mets au garde à vous et je rentre le ventre.
Bref je n'ai pas assisté au naufrage en direct du journalisme du buzz et du remplissage de vide. Une chance. Je me garderai de faire trop la leçon à ces pauvres forçats du breaking news, mais de temps en temps, ils lâcheraient prise, nous nous porterions mieux. Quant aux flics qui ont pris leurs téléphones pour alerter qui Le Parisien, qui l'AFP, qui Le Monde et consorts, je les mettrai bien aux arrêts de rigueur, comme tous ceux qui trahissent les procédures, le secret de l'instruction et bien d'autres choses encore, toutes attitudes aptes à faire péter le déconomètre de n'importe quel clampin.
Si, bien sûr, dans l'affaire XDDL, les choses sont surtout risibles, il n'en est pas de même pour les kilos de news hâtives et non vérifiées qui nous tombent dessus à tout moment. Le cas récent le plus exemplaire étant bien sûr l'incendie de l'usine Lubrizol à Rouen, lequel était préoccupant évidemment, mais a donné de l'espace à quantité de fake news, prises de positions et commentaires hâtifs qui entretiennent une confusion très regrettable et peu capable de faire le monter le niveau. J'aimerai d'ailleurs dire aux ambianceurs de plateaux télé, ceux qui composent ces panels d'invités qui nous étourdissent de leur science ou de leurs témoignages, que les panels composés sur le mode un coup à gauche, un coup à droite en espérant que les invités vont monter dans les tours pour assurer le spectacle génèrent une ambiance épouvantable et n'éclairent en rien aucun téléspectateur.
Puisque j'en suis à faire le catalogue des séquences média qui me rendent scrogneugneu, est-il possible aux présentateurs.trices de la météo d'arrêter de se la jouer guilleret.e.s lorsqu'ils nous annoncent les températures très largement supérieures aux "moyennes de saison" ainsi qu'un week end "retour de l'été" à deux pas de la Toussaint. Faudrait savoir : ou Greta Thunberg est une prophète qui mérite le Nobel, auquel cas c'est une mine d'enterrement (de saison 😉) qu'il convient d'afficher ou on s'en moque éperdument parce que ce sont nos tenues d'été qui nous intéressent, auquel cas la Fifi Brindacier du climat retourne à l'école fissa et même plus vite que ça.
Bref, vous l'aurez compris, j'ai le PAF* dans le pif.
Alors pour me changer les idées et sauver mon humeur, je me suis réfugié dans les bouquins d'un romancier britannique que j'adore et que je recommande, à savoir Jonathan Coe (en photo). En plus d'avoir le même âge que moi, ce qui le rend éminemment respectable, le gaillard vient de commettre un roman aussi remarquable que drôle (voire hilarant pour certains passages) et attendrissant, qui s'intitule, en VF, "Le Coeur de l'Angleterre". C'est le roman du Brexit, cette tragédie d'outre-Manche, ce résultat de la stupidité dont les voiles ont été gonflées par l'amateurisme d'une foultitude de cafards dont pas mal sévissaient sur les ondes et évidemment dans les réseaux sociaux.
Je ne peux que conseiller la lecture du "Coeur de l'Angleterre" !
*PAF = Paysage Audiovisuel Français
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