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Champs Elysées, Champs Emotions

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Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais alors que la voie "République-Bastille-Nation" est le tracé le plus fréquent des manifestations sociales, le trajet autour de Montparnasse aussi parfois, histoire de changer de riverains, le boulevard St Michel le lieu historique de la contestation étudiante, nous assistons à l'émergence des Champs Elysées comme l'avenue dédiée au défilé des émotions. C'était peut être déjà vrai du temps où cette avenue était réquisitionnée pour les défilés du 14 juillet ou l'arrivée du Tour de France, mais, en l'espace d'un an, les choses ont pris un tour émotionnel particulièrement accentué. Ainsi, décembre 2017, il y a un an tout juste, nous avons vu les Champs Elysées dédiés à la Tristesse . Johnny était mort, la France le pleurait, les motards l'escortaient, Macron était applaudi et le peuple tout entier ou presque bien sûr (il y a toujours des mauvais coucheurs), se rendait à la messe. Dans le genre, un bijou

La vie en jaune

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La couleur mal-aimée Dans " Les Couleurs de nos Souvenirs ", livre hautement recommandable que des amis ont eu l'excellente idée de m'offrir il y a quelques années, l'historien Michel Pastoureau fait référence à toute une série d'enquêtes d'opinion réalisées en Europe et aux Etats-Unis depuis les débuts du XXème siècle, notamment par les agences de marketing et de publicité. Ces enquêtes consistent, explique Michel Pastoureau, à interroger les passants dans la rue en leur demandant "quelle est votre couleur préférée ?". Question simple et directe et ne seront prises en compte que les réponses spontanées, car ce qui compte, c'est l'imaginaire de chacun, pas telle ou telle pratique de la couleur ni son aspect matériel. Les résultats de ces enquêtes sont d'une extraordinaire constance. Selon Michel Pastoureau (cf p 206 de l'ouvrage), que l'on soit en 1890, en 1930, en 1970 ou en 2000, la couleur qui arrive en tête est le

Le prisonnier du Triangle

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Faire de la politique est un très rude métier. Certains de mes amis ont été frappés du virus. C'est le mot juste car ils sont tombés malades ! Avant de démissionner... Et j'en croisai un autre, il y a peu, qui me confiait "qu'il ne ferait pas ça toute sa vie" ! Et pourtant, c'est un très bon, je trouve ! Le problème vient d'une grande difficulté pour chacun d'entre nous à échapper aux jeux relationnels du "Triangle Dramatique" décrit par Steve Karpman . Ce Triangle, qui nous réunit parfois dans des rôles peu agréables de Persécuteur, de Victime et de Sauveur, s'installe bien souvent dans la relation que nous entretenons avec nos représentants, à commencer par le premier d'entre eux, le Président. Et ceci, quel que soit le pays dans lequel la scène se déroule. Car si le Triangle est qualifié de dramatique, c'est bien parce que s'y produisent des "coups de théâtre", qui nous font jouer, alternativement, l'un ou l

Les larmes de Nicolas Hulot

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Lors de la "cérémonie de passation de pouvoirs" (expression consacrée) au ministère de la Transition Ecologique, Nicolas Hulot était en larmes. J'avoue avoir été impressionné par cette image. Je me dis que nous avons collectivement besoin d'en tirer quelques enseignements. D'abord sur la cruauté absolue de la vie politique. La surabondance des commentaires, les piapias infernaux des chaînes d'information continue, les remarques vaseuses des observateurs, le foutoir innommable des réseaux sociaux, franchement, effectivement, il y avait de quoi pleurer. Quand Nicolas Hulot a pris ses fonctions, que n'a-t-il pas subi comme commentaires malveillants. Et ceux qui le critiquaient le plus vertement quand il était en fonction sont naturellement ceux qui se sont mis à chanter ses louanges à son départ. Dans ce pays (voire dans d'autres), un responsable politique devient supportable lorsqu'il quitte ses fonctions. Le bal des faux culs est un sport t

Pour Alexandre et ses inévitables successeurs en infortune

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Lorsque j'observe le succès d'audience que j'enregistre avec mon post "Benalla bla bla bla" , moins radical cependant que celui que j'avais enregistré sur mon post lié à l'affaire Fillon , je me dis que mes braves et dévoués lecteurs réguliers ou occasionnels ont besoin de comprendre ce qu'est une "communication de crise". Avis aux vertueux Ce post a donc pour ambition très modeste de faire le point sur la façon dont les choses se passent. Il y a tellement de journalistes qui donnent des conseils dans ce domaine qu'il n'est pas invraisemblable que les gens du métier écrivent des articles sur le sujet. Au passage, ce serait une lecture toujours utile au héros du moment, même si je l'imagine très bien conseillé et très à l'écoute des conseils qu'il reçoit, si j'en crois la pertinence de ses interventions tant au Monde que sur TF1. Surtout c'est une lecture pour ses inévitables successeurs en infortune, car

Benalla bla bla bla

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Disons le carrément dans "l'affaire Benalla" sortie par Le Monde, tout est surjoué, de bout en bout. J'aimerai bien savoir qui était le manifestant à qui cet Alexandre Benalla a éprouvé le besoin de régler son compte. Je ne trouve rien sur lui. C'est qui, un saint ? Je me dis qu'au terme d'une première année de mandat où tout a été utilisé pour porter atteinte à la crédibilité du nouveau président, à sa dignité, à son honneur, etc..., des réformes importantes sont passées, les forces bloquantes habituelles ont échoué, au prix de millions perdus à la SNCF, de dégâts matériels insensés causés dans les facs par des groupes dont l'impunité est flagrante, et en plus l'équipe de France gagne la Coupe et fait la fête à l'Elysée avec des groupes de jeunes de banlieue ! Tout cela est inadmissible pour toute une clique qui s'apprête à prendre une claque de plus avec la réforme constitutionnelle, laquelle vise notamment à faire revenir le nombr

Brexit : Help ! ou Let it be ?

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Les négos internes sont les plus dures : la preuve par le Brexit Pour qui s'intéresse à la négociation, le cas "Brexit" est de l'or en barres. Il est de nature à rassurer tous ceux qui se disent que négocier avec leur voisin de bureau est bien plus compliqué que de négocier avec un fournisseur, un client, un partenaire, même le plus "difficile". Négocier "en interne" est beaucoup plus difficile. Par conséquent ça patine sérieusement dans la sauce à la menthe du côté de la Tamise. Le commentaire est souvent de dire "les anglais ne savent pas ce qu'ils veulent". De fait, avec un résultat de référendum qui donnait 52% environ pour le Brexit et 48% contre, il était prévisible que l'outre-manchois s'entre-déchire. Au coeur du débat, les intérêts en présence, au sein même du Royaume, qu'il est nécessaire de passer en revue. Ces intérêts ont hélas été très mal examinés lors de la campagne "Leave or Remain"