L'expérience ? Un peigne pour les chauves
Bernard Blier était un immense acteur. Il aurait un jour déclaré que l'expérience était un peigne que vous donnait la vie quand vous étiez devenu chauve.
J'adore cette phrase et je la trouve tous les jours un peu plus exacte, à la fois drôle et inquiétante.
Je le constate chaque fois que je travaille avec des équipes sur leurs façons de négocier. Chacun d'entre nous a appris à négocier sur le tas. Il n'existe pratiquement pas d'enseignement sur ce sujet. Ce sont surtout nos émotions qui nous guident. Nous allons donc accumuler une quantité d'expériences sur ce sujet tout au long de notre vie. Ces expériences vont venir en général renforcer les croyances que nous nous sommes faites en la matière. Expériences et croyances vont s'emmêler et parfois vont nous rendre service, un peu comme, dans Slumdog Millionaire, le jeune héros trouve les bonnes réponses au jeu télévisé qui va le mener à la fortune (et aux pires ennuis) ; parfois aussi nos expériences et croyances réunies vont nous mener à l'échec, en nous faisant réactiver sans fin des mécanismes qui, au lieu de nous aider, nous plantent plus sûrement que ne le ferait notre adversaire le plus retors.
Les recruteurs et les donneurs d'ordre sont des coiffeurs pour chauves
Donc l'expérience ne sert pas toujours à grand chose. Tout dépend de la quantité de cheveux qu'il vous reste !
Il ne faut par exemple pas s'étonner de voir notre doux pays accumuler 6 millions de chômeurs lorsque la première question de n'importe quel recruteur, que dis-je sa première obsession, sera de vérifier minutieusement votre expérience. Du coup, quand vous en avez, ce n'est pas la bonne, au poil près !
Bon, ce n'est pas la seule raison, je veux bien, mais elle tient sa place dans notre calvitie économique.
Ce travers ne concerne d'ailleurs pas seulement les recruteurs mais n'importe quel donneur d'ordre, ce qui rend certaines rencontres très ennuyeuses ou complètement surréalistes, comme cet entretien récent avec une responsable qui me trouvait bien jeune... comme elle avait au moins 20 ans de moins que moi, je lui ai répondu que j'étais très flatté. C'était bien la première fois que je regrettais de ne pas être chauve.
Les recruteurs et les donneurs d'ordre sont des coiffeurs d'un genre spécial : ils préfèrent les chauves, et ils sont très sourcilleux sur la nature de votre allopécie. Résultat : si vous êtes jeune, vous êtes sans intérêt ; si vous êtes un peu avancé, vous êtes potentiellement foutu.
Conclusion : si vous êtes une start-up, soyez sans pitié ! Rasez sans crainte !
Pauvre Lucette
Prenons un autre exemple d'expérience qui n'a servi à rien : cette brave Lucette. Je ne veux pas me moquer abusivement, mais, bon, Gaspard Gantzer, le communicant de notre brave PR, n'était pas encore né sous Giscard, et du coup n'avait jamais du entendre la gôche se gausser des rencontres de VGE chez l'habitant. Du coup il imagine une rencontre touchante.
Comme on n'est jamais trop prudent avec les militants socialistes, il la fait briefer au petit poil... il avait juste oublié de lui dire qu'à l'heure des réseaux sociaux et du breaking news, les chacals ne dorment jamais, donc c'est mieux de ne pas raconter les coulisses de l'affaire, au demeurant d'une naïveté presque touchante, à BFM TV. Du coup, le pot aux roses étant découvert, c'est la curée. Hollande s'en remettra, il en a vu d'autres. Mais cette pauvre Lucette, je ne sais pas si elle n'en entendra pas parler jusqu'à sa mort de cette histoire. Quant à Gaspard Gantzer, il donne aux chacals une occasion en or de se ruer sur le thème : la com' c'est de la m..., donnez nous de l'info. Comme si il y avait la moindre différence entre les deux dans notre époque de média omniprésents. Même Philippe Labro tombe dans ce piège. C'est dire la confusion qui règne dans les rédactions.
Sur le fond de l'histoire, qui n'en a pas beaucoup, si l'intention était de nous dire que François Hollande avait encore des supporters chez les militants PS de base, c'était bien léger comme angle. Si l'intention était de nous dire qu'Hollande était encore capable de rencontrer des "vraies gens", j'espère pour les vraies gens de partout qu'on peut encore serrer la main de Hollande sans avoir les télés aux fesses dans un pays a priori démocratique comme le nôtre. J'espère aussi que Hollande a encore de vrais contacts avec des personnes hors de la Cour qui s'est naturellement créée autour de lui. Cela voudrait au moins dire qu'il a réussi au moins dans ce domaine à rester le mec "normal" qu'il disait être.
La très inquiétante pente turque
Troisième exemple où l'expérience semble ne pas servir à grand'chose : les très inquiétants échos que nous recevons de Turquie, de la campagne électorale qui s'y est déroulée, des résultats obtenus et des premières conséquences visibles. La peste s'étend sur ce pays. Erdogan revêt tous les attributs de l'autocrate paranoïaque et tout cela est très inquiétant. Tous les indices de la pire vérole qui soit sont sous nos yeux. Et nous continuons à le considérer. Je veux bien comprendre pourquoi et j'espère que nous savons jusqu'où nous avons intérêt à discuter avec cette brute. Mais franchement, ce serait bien de ne pas être chauves ET sous Alzheimer.
Allez, c'est l'automne, il fait encore beau. On peut encore en profiter sans se blottir près de nos feux de cheminée.
J'adore cette phrase et je la trouve tous les jours un peu plus exacte, à la fois drôle et inquiétante.
Je le constate chaque fois que je travaille avec des équipes sur leurs façons de négocier. Chacun d'entre nous a appris à négocier sur le tas. Il n'existe pratiquement pas d'enseignement sur ce sujet. Ce sont surtout nos émotions qui nous guident. Nous allons donc accumuler une quantité d'expériences sur ce sujet tout au long de notre vie. Ces expériences vont venir en général renforcer les croyances que nous nous sommes faites en la matière. Expériences et croyances vont s'emmêler et parfois vont nous rendre service, un peu comme, dans Slumdog Millionaire, le jeune héros trouve les bonnes réponses au jeu télévisé qui va le mener à la fortune (et aux pires ennuis) ; parfois aussi nos expériences et croyances réunies vont nous mener à l'échec, en nous faisant réactiver sans fin des mécanismes qui, au lieu de nous aider, nous plantent plus sûrement que ne le ferait notre adversaire le plus retors.
Les recruteurs et les donneurs d'ordre sont des coiffeurs pour chauves
Donc l'expérience ne sert pas toujours à grand chose. Tout dépend de la quantité de cheveux qu'il vous reste !
Il ne faut par exemple pas s'étonner de voir notre doux pays accumuler 6 millions de chômeurs lorsque la première question de n'importe quel recruteur, que dis-je sa première obsession, sera de vérifier minutieusement votre expérience. Du coup, quand vous en avez, ce n'est pas la bonne, au poil près !
Bon, ce n'est pas la seule raison, je veux bien, mais elle tient sa place dans notre calvitie économique.
Ce travers ne concerne d'ailleurs pas seulement les recruteurs mais n'importe quel donneur d'ordre, ce qui rend certaines rencontres très ennuyeuses ou complètement surréalistes, comme cet entretien récent avec une responsable qui me trouvait bien jeune... comme elle avait au moins 20 ans de moins que moi, je lui ai répondu que j'étais très flatté. C'était bien la première fois que je regrettais de ne pas être chauve.
Les recruteurs et les donneurs d'ordre sont des coiffeurs d'un genre spécial : ils préfèrent les chauves, et ils sont très sourcilleux sur la nature de votre allopécie. Résultat : si vous êtes jeune, vous êtes sans intérêt ; si vous êtes un peu avancé, vous êtes potentiellement foutu.
Conclusion : si vous êtes une start-up, soyez sans pitié ! Rasez sans crainte !
Pauvre Lucette
Prenons un autre exemple d'expérience qui n'a servi à rien : cette brave Lucette. Je ne veux pas me moquer abusivement, mais, bon, Gaspard Gantzer, le communicant de notre brave PR, n'était pas encore né sous Giscard, et du coup n'avait jamais du entendre la gôche se gausser des rencontres de VGE chez l'habitant. Du coup il imagine une rencontre touchante.
Comme on n'est jamais trop prudent avec les militants socialistes, il la fait briefer au petit poil... il avait juste oublié de lui dire qu'à l'heure des réseaux sociaux et du breaking news, les chacals ne dorment jamais, donc c'est mieux de ne pas raconter les coulisses de l'affaire, au demeurant d'une naïveté presque touchante, à BFM TV. Du coup, le pot aux roses étant découvert, c'est la curée. Hollande s'en remettra, il en a vu d'autres. Mais cette pauvre Lucette, je ne sais pas si elle n'en entendra pas parler jusqu'à sa mort de cette histoire. Quant à Gaspard Gantzer, il donne aux chacals une occasion en or de se ruer sur le thème : la com' c'est de la m..., donnez nous de l'info. Comme si il y avait la moindre différence entre les deux dans notre époque de média omniprésents. Même Philippe Labro tombe dans ce piège. C'est dire la confusion qui règne dans les rédactions.
Sur le fond de l'histoire, qui n'en a pas beaucoup, si l'intention était de nous dire que François Hollande avait encore des supporters chez les militants PS de base, c'était bien léger comme angle. Si l'intention était de nous dire qu'Hollande était encore capable de rencontrer des "vraies gens", j'espère pour les vraies gens de partout qu'on peut encore serrer la main de Hollande sans avoir les télés aux fesses dans un pays a priori démocratique comme le nôtre. J'espère aussi que Hollande a encore de vrais contacts avec des personnes hors de la Cour qui s'est naturellement créée autour de lui. Cela voudrait au moins dire qu'il a réussi au moins dans ce domaine à rester le mec "normal" qu'il disait être.
La très inquiétante pente turque
Troisième exemple où l'expérience semble ne pas servir à grand'chose : les très inquiétants échos que nous recevons de Turquie, de la campagne électorale qui s'y est déroulée, des résultats obtenus et des premières conséquences visibles. La peste s'étend sur ce pays. Erdogan revêt tous les attributs de l'autocrate paranoïaque et tout cela est très inquiétant. Tous les indices de la pire vérole qui soit sont sous nos yeux. Et nous continuons à le considérer. Je veux bien comprendre pourquoi et j'espère que nous savons jusqu'où nous avons intérêt à discuter avec cette brute. Mais franchement, ce serait bien de ne pas être chauves ET sous Alzheimer.
Allez, c'est l'automne, il fait encore beau. On peut encore en profiter sans se blottir près de nos feux de cheminée.
magistral ! merci
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