Les clowns blancs, les Augustes, les élections et nous
Lorsque les enfants vont au cirque, le numéro qu'ils préfèrent, le plus souvent, est le numéro des clowns. Après avoir bien eu peur avec les dompteurs et avoir éprouvé diverses sensations fortes en regardant les acrobates, chacun se détend lorsqu'entrent sur la piste le clown blanc et son compère l'Auguste, son nez rouge, sa cravate à malices et ses immenses chaussures. Quand j'étais enfant, je préférai l'Auguste, le clown blanc m'embêtait à vouloir jouer de la musique nase et avec ses grands discours. Je n'étais pas le seul à préférer l'Auguste.
Une élection présidentielle ressemble à bien des égards à un spectacle de cirque. Même les plus adultes d'entre nous gardent leur fond d'enfance et les médias savent s'y prendre pour faire monter la sauce. Du coup, si vous regardez les résultats des élections présidentielles ici ou aux USA, la préférence va le plus souvent aux Augustes davantage qu'aux clowns blancs.
Certes c'est là une analyse dont je reconnais volontiers le caractère grossier, élémentaire, basique comme on dit. Mais regardons plutôt :
De Gaulle : l' Auguste magnifique
Ah, regardez le sauter sur sa chaise pour se moquer de l'Europe, parler du "machin", du "volapück" et autres "quarteron de généraux à la retraite". Avec lui, nous étions sûrs de ne pas nous ennuyer. Et ce nez incroyable qui réjouira n'importe quel caricaturiste. De Gaulle fut un Auguste fabuleux, Pierre-Mendès-France, l'austère clown blanc, n'a jamais voulu monter sur scène à ses côtés. C'est un Auguste inattendu, toutes dents blanches dehors, qui le mit en ballottage. Eh oui, les vieux Augustes sous-estiment leurs successeurs !
Mitterrand : l'Auguste qui a fini par terrasser le Clown Blanc
Mitterrand n'arrivait pas à la cheville de de Gaulle en 1965 et a échoué face à un Giscard accordéoniste, "à la barre" et qui forçait sa nature jusqu'à, une fois élu, recevoir les éboueurs au petit-dej ou s'inviter à dîner chez "Madame, Monsieur". En revanche, en 1981, Mitterrand fut à son tour un Auguste fabuleux, un poil plus cynique que celui que les enfants applaudissent et Giscard, clown blanc parmi les clowns blancs, qui ne savait ou ne pouvait plus faire l'Auguste en 1981, a mordu la poussière, tout "colin froid" qu'il était. Ah cette réplique sur "l'homme du passif" ! ça, c'est ce qui s'appelle tirer la langue à l'adversaire !. Enfin, Mitterrand encore, face à Chirac cette fois, sept ans plus tard et son "dans les yeux je vous la conteste", quel talent.
Chirac : le Grand Prix de l'Auguste
Et pourtant Chirac mérite incontestablement le grand Prix de l'Auguste une fois Mitterrand écarté. Certes les Guignols de l'Info l'ont bien aidé avec une marionnette drôlissime aux antipodes de l'image facho qu'il trimballait. Notre mangeur de pommes national leur doit une fière chandelle. Il en doit aussi une bien entendu à ce brave Edouard, clown blanc égaré qui n'a pas su faire l'Auguste.
Sarkozy : l'Auguste qui ne fait pas rire tout le monde
Sarkozy ne fait pas rire tout le monde mais son vocabulaire relâché, ses tenues de cycliste, son côté sale gosse qui tombe les filles, en fait un spécimen intéressant d'Auguste, Première Auguste féminine connue, Ségolène Royal n'a pas réussi à lui barrer la route, pourtant, "la bravitude", c'était bien joué dans le genre, sans parler de "l'idéal qui va continuer à nous rassembler vers d'autres victoires" lancé dans l'émotion de la défaite !
Hollande : l'Auguste anaphorète !
Quant à Hollande, ses blagues bien connues, sa posture d'homme normal et son côté Culbuto qui se plantouille dans le cérémonial, il n'a pas à rougir, il fait un Auguste épatant. Sarkozy en a eu la bouche cousue. Ce n'est pas tous les jours qu'on croise un Auguste qui sait filer l'anaphore !
2017 : Les paris sont ouverts
Bon, visiblement, en 2017, élire un Auguste peut ne pas nous suffire. Juppé a beau se lâcher grâce à Franz-Olivier Giesbert, il reste assez désespérément clown blanc et, pour l'instant, cela semble lui réussir.
Attendons la suite, Montebourg est assez performant en Auguste et Macron aussi, finalement, avec ses costards qu'il arrive à se payer en bossant, lui. Bref, depuis la plantade historique de Jospin, éminent clown blanc, c'est à gauche que sont les Augustes, le ponpon pouvant être détenu par Mélenchon, un très bon client dans le registre.
Car, dans la primaire de droite, Fillon a beau mettre des chaussettes rouges, on n'a jamais vu un Auguste se distraire en faisant les 24h du Mans. Bruno Le Maire n'a aucune chance, si vous voulez mon avis. 1000 pages de programme ultra-détaillé à l'heure de Twitter et de YouTube (mais il ne sait pas ce qu'est un youtubeur), ça ne fait pas sérieux !
Allez encore quelques mois à contempler le show et nous verrons. Un seul président "clown blanc" élu depuis 1965, je comprends pourquoi Juppé promet de ne faire qu'un seul mandat !
Une élection présidentielle ressemble à bien des égards à un spectacle de cirque. Même les plus adultes d'entre nous gardent leur fond d'enfance et les médias savent s'y prendre pour faire monter la sauce. Du coup, si vous regardez les résultats des élections présidentielles ici ou aux USA, la préférence va le plus souvent aux Augustes davantage qu'aux clowns blancs.
Certes c'est là une analyse dont je reconnais volontiers le caractère grossier, élémentaire, basique comme on dit. Mais regardons plutôt :
De Gaulle : l' Auguste magnifique
Ah, regardez le sauter sur sa chaise pour se moquer de l'Europe, parler du "machin", du "volapück" et autres "quarteron de généraux à la retraite". Avec lui, nous étions sûrs de ne pas nous ennuyer. Et ce nez incroyable qui réjouira n'importe quel caricaturiste. De Gaulle fut un Auguste fabuleux, Pierre-Mendès-France, l'austère clown blanc, n'a jamais voulu monter sur scène à ses côtés. C'est un Auguste inattendu, toutes dents blanches dehors, qui le mit en ballottage. Eh oui, les vieux Augustes sous-estiment leurs successeurs !
Mitterrand : l'Auguste qui a fini par terrasser le Clown Blanc
Mitterrand n'arrivait pas à la cheville de de Gaulle en 1965 et a échoué face à un Giscard accordéoniste, "à la barre" et qui forçait sa nature jusqu'à, une fois élu, recevoir les éboueurs au petit-dej ou s'inviter à dîner chez "Madame, Monsieur". En revanche, en 1981, Mitterrand fut à son tour un Auguste fabuleux, un poil plus cynique que celui que les enfants applaudissent et Giscard, clown blanc parmi les clowns blancs, qui ne savait ou ne pouvait plus faire l'Auguste en 1981, a mordu la poussière, tout "colin froid" qu'il était. Ah cette réplique sur "l'homme du passif" ! ça, c'est ce qui s'appelle tirer la langue à l'adversaire !. Enfin, Mitterrand encore, face à Chirac cette fois, sept ans plus tard et son "dans les yeux je vous la conteste", quel talent.
Chirac : le Grand Prix de l'Auguste
Et pourtant Chirac mérite incontestablement le grand Prix de l'Auguste une fois Mitterrand écarté. Certes les Guignols de l'Info l'ont bien aidé avec une marionnette drôlissime aux antipodes de l'image facho qu'il trimballait. Notre mangeur de pommes national leur doit une fière chandelle. Il en doit aussi une bien entendu à ce brave Edouard, clown blanc égaré qui n'a pas su faire l'Auguste.
Sarkozy : l'Auguste qui ne fait pas rire tout le monde
Sarkozy ne fait pas rire tout le monde mais son vocabulaire relâché, ses tenues de cycliste, son côté sale gosse qui tombe les filles, en fait un spécimen intéressant d'Auguste, Première Auguste féminine connue, Ségolène Royal n'a pas réussi à lui barrer la route, pourtant, "la bravitude", c'était bien joué dans le genre, sans parler de "l'idéal qui va continuer à nous rassembler vers d'autres victoires" lancé dans l'émotion de la défaite !
Hollande : l'Auguste anaphorète !
Quant à Hollande, ses blagues bien connues, sa posture d'homme normal et son côté Culbuto qui se plantouille dans le cérémonial, il n'a pas à rougir, il fait un Auguste épatant. Sarkozy en a eu la bouche cousue. Ce n'est pas tous les jours qu'on croise un Auguste qui sait filer l'anaphore !
2017 : Les paris sont ouverts
Bon, visiblement, en 2017, élire un Auguste peut ne pas nous suffire. Juppé a beau se lâcher grâce à Franz-Olivier Giesbert, il reste assez désespérément clown blanc et, pour l'instant, cela semble lui réussir.
Attendons la suite, Montebourg est assez performant en Auguste et Macron aussi, finalement, avec ses costards qu'il arrive à se payer en bossant, lui. Bref, depuis la plantade historique de Jospin, éminent clown blanc, c'est à gauche que sont les Augustes, le ponpon pouvant être détenu par Mélenchon, un très bon client dans le registre.
Car, dans la primaire de droite, Fillon a beau mettre des chaussettes rouges, on n'a jamais vu un Auguste se distraire en faisant les 24h du Mans. Bruno Le Maire n'a aucune chance, si vous voulez mon avis. 1000 pages de programme ultra-détaillé à l'heure de Twitter et de YouTube (mais il ne sait pas ce qu'est un youtubeur), ça ne fait pas sérieux !
Allez encore quelques mois à contempler le show et nous verrons. Un seul président "clown blanc" élu depuis 1965, je comprends pourquoi Juppé promet de ne faire qu'un seul mandat !
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