La complainte du macroniste moyen, consultant, en plus !



Nous arrivons bientôt au bout de cette campagne électorale. Certains disent qu'elle n'a jamais commencé. TF1 a d'ailleurs décidé de programmer les Visiteurs dimanche soir prochain, conscient que le temps de cerveau de la ménagère de moins de 50 ans chère à feu Patrick Le Lay n'était pas suffisamment disponible pour une soirée 100% électorale.

C'est dommage, même si les acteurs en présence n'étaient pas toujours folichons, comme d'usage dans ce genre de compétition. La campagne 2022 abrite d'ailleurs quelques troisièmes couteaux que l'on rencontre dans toutes les compétitions électorales depuis que je les regarde en conscience. Certains sont des récidivistes, pour d'autres, ce sont les noms qui changent, c'est tout.

Les bouches à nourrir dont on se passerait volontiers

A quoi sert en effet de donner autant de temps d'antenne à Nathalie Artaud, Philippe Poutou, Jean Lassalle ou Nicolas Dupont-Aignan. Franchement, vous les trouvez intéressants, vous ? Ils vont gagner plus ou moins 800 000 € parce qu'ils ont su réunir leurs 500 signatures et cela donnera à leurs mouvements un peu de grain à moudre pour les 5 ans à venir. Par ici la monnaie, un peu de fraîche ne se refuse pas, la République est bonne fille. Tout cela pour les entendre ancrer dans les quelques cervelles qui passent les idées les plus fausses du monde sur l'absence de démocratie en France, les médias complices, les vaccins tueurs, l'Europe inutile, etc... etc... 

Les épiceries Rive Gauche et Rive Droite

Ensuite il y a les épiceries de quartier, celles qui défendent une habitude, un territoire. Les bonshommes qui dirigent le PS comme LR ont envoyé deux femmes au casse-pipe. A ma gauche, la brune, figure volontariste et pasionaria de la piste cyclable. A ma droite, la blonde, bourgeoise versaillaise et un poil fille à papa. Anne Hidalgo mène un combat inutile. Valérie Pécresse est allée se carboniser au royaume des incapables, comment dire que tout cela n'a aucun sens. Le gros de leurs électeurs naturels est parti chez Macron depuis un bon moment et ils n'ont, à force de se faire traiter de traîtres, pas très envie de rentrer. C'est bizarre qu'elles n'aient pas voulu le comprendre.

Je me disais d'ailleurs que Fabien Roussel était lui aussi le petit épicier du Parti Communiste en mal de reconnaissance. Mais le bonhomme a su dépasser son rôle initial. Je ne sais pas jusqu'où il ira. Mais s'il garde le même ton, il pourrait aller plus loin. 

Le climato j'm'en foutiste

Arrive Yannick Jadot, le candidat écologiste qui ne parle pas du réchauffement climatique. Ce type devrait se balader avec les rapports du GIEC en bandoulière. Au lieu de quoi il bavasse sur Total, sur McKinsey ou sur 1h de sport par jour à l'école. Bref, n'importe quoi. 5% ? Ce sera bien payé. Si un jour un candidat écolo veut gagner, ce serait bien qu'il bosse.

Les poids lourds

J'en arrive à ceux que je considère comme les véritables poids lourds de l'événement. Zemmour d'abord. Il répugne ou il exalte, c'est selon. Il est tellement obsessionnel qu'il s'est égaré dans son propre système. Il a animé le show en première partie mais, au bout du compte, c'est un second rôle et il repartira sans sa statuette, juste avec du goudron et des plumes.

Mélenchon ensuite. Il a fait comme d'habitude. Finira-t-il comme d'habitude ? Il semble n'avoir toujours pas compris qu'il ne pourra pas gagner cette élection tout seul et par le bras de fer. Mélenchon sait parler mais ne sait pas bien construire. Il ne sait pas accueillir. Il se dit non-aligné alors qu'il est, en réalité, tout seul.

Le Pen évidemment. Elle est devenue porteuse du sujet le plus fourre-tout qui soit : le pouvoir d'achat, pont-aux-ânes des éditorialistes. Elle a compris cette fois qu'elle gagnerait à arrêter de critiquer les autres car tout temps passé à critiquer est du temps en moins pour parler de soi. Résultat elle est devenue plus sympathique. Les Français aiment aussi les gens qui ont souffert et qui ont été trahis. Dans ce registre, elle a vécu. Mitterrand avait vécu des situations comparables, Chirac aussi. Alors, à la troisième tentative, sur un malentendu, comme dirait Jean-Claude Dus, ça peut marcher.

Macron pour finir. J'avoue que s'il perd je serai consterné. Je pense hélas qu'il peut perdre. Il aurait dû davantage étudier le ballotage de de Gaulle en 1965 ou la défaite de Giscard en 1981, pour prendre deux exemples de présidents sortants (et actifs, pas en hibernation comme Mitterrand en 1988 ou Chirac en 2002) qui ont fait des campagnes tardives sous des prétextes divers. Il aurait dû se rappeler Le Lièvre et la Tortue. Rien ne sert de courir, il faut partir à point. Il a bien dû apprendre cela en cours de français ! Je croise les doigts. Ce n'est pas encore fichu quand même. Mais c'est chaud devant. Le fait que je n'imaginais pas cela il y a deux mois alors que je le craignais il y a encore un an ne plaide pas en faveur de ma qualité d'analyse 😒

Post-scriptum sur les cabinets de conseil, tout de même ! 

Depuis que je fais ce métier, j'ai entendu bien des bêtises sur les consultants. Mais là, avec le bouquin sur "Les Infiltrés" et la commission d'enquête du Sénat, j'ai l'impression de grimper un étage. Ce métier est méconnu et souvent jalousé. La preuve. Je remarque aussi que les cabinets ayant le plus gagné de marchés sont Eurogroupe et Sopra-Steria si j'ai bien suivi mais évidemment "Sopra Steria Gate", ça claque un peu moins que "McKinsey Gate", un joli titre pour série sur Amazon Prime ;-)

En compilant tous les choux, navets et autres carottes possibles et imaginables, les contempteurs du Palais du Luxembourg arrivent au chiffre magique de 1 milliard d'€. Les auteurs du bouquin cité plus haut montent jusqu'à 3 milliards. J'imagine que certaines missions ont été bien vendues mais cela signifie surtout qu'un gros travail a été effectué. Et si cela a été fait par des consultants et des prestataires de service, cela veut dire que d'immenses économies ont été faites sur le budget de l'Etat, car vous pouvez imaginer l'armée de fonctionnaires qu'il aurait fallu mobiliser, en les embauchant pour 30 ans. Bref, autant d'impôts en moins en fait, merci les consultants.

J'imagine aussi que le boulot abattu par ces cabinets a évité d'innombrables pétages de plomb voire des burn-out dans une fonction publique, point d'indice certes bloqué mais vacances grandes ouvertes. Je ne reproche à personne de prendre du repos mais je suis sûr d'une chose : si les cabinets de conseil n'avaient pas "taffé comme des malades", nos impôts auraient gonflé et la modernisation des processus administratifs auraient pris du plomb dans l'aile. Et qui aurait râlé ? Je me souviens d'une commission d'enquête du Sénat, instruisant à charge bien sûr, qui avait pointé du doigt tous les dysfonctionnements de nos braves fonctionnaires du ministère de la Santé il n'y a pas si longtemps (les sénateurs.trices célébraient Didier Raoult à l'époque, ce qui amoindrit la valeur de leurs commentaires tout de même !)

Bref, si les consultants travaillent c'est qu'on a besoin d'eux. Sans eux beaucoup de fonctions sont en panne. Le livre pointe à juste titre le chantier pharaonique de la numérisation de l'Etat. Qui se plaindra de cette numérisation ? Je me rappelle les ricanements (justifiés) sur les attestations papier que nous devions produire pendant les confinements lorsque nous voulions sortir. A mon avis ce sont des consultants qui ont trouvé la solution et le temps de mettre en oeuvre la version digitale.

Je ne prends là que de petits exemples et d'ailleurs je m'arrête. Quand j'entends Nicolas Dupont-Aignan comparer le prix de vente à la journée d'un consultant et le salaire mensuel d'un ouvrier je sais que j'écoute ou un imbécile ou un démagogue (probablement les deux d'ailleurs) et je me félicite qu'il lanterne à 2%. Franchement ce serait mieux qu'il fasse autre chose dans la vie que déverser ses rancoeurs. 

Nous avons de grands défis devant nous. Nous aurons tous besoin de conseils.

Cross the fingers

Commentaires

  1. Ne t’inquiète pas veil ami, ton poulain sera en tête de course, il n’a pas de challenger. Et le prochain quinquennat tiendra la promesse du premier. Je vais pour ma part suivre l’idée honnie de Voltaire et cultiver mon jardin. Je n’y mettrai nul nain en plâtre, celui de l’Elysée suffira.

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    1. Salut mon Jérôme
      Oui j'avais bien compris que tu ne pouvais plus le supporter, mon champion de la start-up nation. Oui, moi je reste content du gars, je suis trop pro-européen pour chercher ailleurs. Par contre je te trouve bien optimiste pour le 2ème tour. L'ambiance actuelle me rappelle furieusement celle de 1981 et si "Macron c'est Giscard avec un iphone", je me fais du souci pour la suite surtout avec MLP qui surjoue son côté "force tranquille" avec des mots d'ordre qui clashent bien comme "quand le peuple vote, le peuple gagne", alors que "mon" candidat clame "Avec Vous" sans venir sur les plateaux TV...

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