De l'envie de sortir


4 milliards ou presque

Nous sommes donc 4 milliards à être "confinés", un des mots les plus laids que l'on puisse trouver dans la langue française, c'est mon avis.

Bon, un peu moins aujourd'hui puisque certains, y compris dans notre vaste empire (la Nouvelle Calédonie en l'occurrence) ont commencé à lâcher les élastiques (sauf ceux des masques).

Les Allemands bien sûr, qui vont y trouver un prétexte supplémentaire à se sentir plus malins que nous (merci les évangéliques), leurs cousins autrichiens aussi "déconfinent", et je ne parle pas des Suédois qui n'ont jamais versé dedans.

Bonjour le casse tête qui vient

Nous, on va faire comme dans Astérix, on va hurler qu'on veut un plan, un plan, un plan. Tout ça sur l'air des lampions. Et une fois qu'on aura le plan, le plan, le plan, on va hurler qu'il n'est pas le bon, que machin aurait mieux fait de, que bidule pense ça, et patati et patata, à grands coups de plateaux télé. Quel ennui.

Quel ennui alors qu'il y a mieux à faire : se retrousser les quelques manches de haillons qui nous restent et se mettre au turbin. C'est embêtant car c'était bientôt les vacances. Ah ben oui, alors, zut la poisse, au pays des 35h et des RTT, c'est que ça compte ma brave dame.

Bon, en même temps, je me moque et je reconnais que le confinement, c'était pas des vacances.

En tout cas c'était plus facile de mettre sous cloche que d'ouvrir les portes. Tous les organisateurs d'événement ou de séminaires vous le diront : inviter, en l'espèce convoquer, c'est simple dans une certaine mesure. Mais ensuite, faire travailler les gens, leur faire faire ce que vous voulez dans l'ordre que vous voulez, ce n'est pas très évident.

Car ce "déconfinement" est un casse-tête majuscule.

Je fais partie de ceux qui, tout en applaudissant à 20h, n'ont pas envie que les Dr Knock de la planète prennent le pouvoir. André Comte-Sponville dit sur ce sujet mieux que je ne saurai le faire. Et comme je ne suis ni fonctionnaire, ni salarié, ni retraité, mais un brave indépendant de derrière les fagots, je me dis que l'urgence économique est bien la soeur siamoise de l'urgence sanitaire, car pour le coup, je me sens vaguement en "première ligne".
En même temps je cours assez vite, malgré les apparences 😀

Au passage je reconnais que si certains récits de médecins font froid dans le dos, je me demande si c'est bien utile de faire peur à ce point. Après tout, n'importe quelle maladie décrite brutalement fait peur. En communication, la brutalité ne donne pas de bons résultats.

Car il va bien falloir vivre avec ce risque. Et on ne pourra pas éternellement empêcher les gens de se prendre dans les bras !

Regardez ce qui s'est passé au sujet du "confinement des plus fragiles". C'était la révolte des chenus ! Ils avaient bien raison, les chenus en question. Quand quelqu'un vous fait du mal et vous explique que c'est pour votre bien, cela s'appelle de la manipulation.

Ensuite un métro bondé aux heures de pointe, surtout avec des conducteurs cégétistes qui exercent leur "droit de retrait", cela reste un métro bondé aux heures de pointe. Que tous ceux qui pourront télétravailler dans de bonnes conditions le fassent et continuent à le faire dans les temps qui viennent me paraît une bonne politique. Voir des dirigeants être obligés de comprendre que le télétravail n'est pas l'ennemi du travail, voilà une bonne nouvelle.

Lisez Olivier Sibony

Olivier Sibony, un prof d'HEC tout à fait brillant et pertinent a publié trois posts remarquables sur LinkedIn pour pointer tous les dilemmes de cette séquence de déconfinement (décidément quelle horreur ce mot). C'est un joli casse-tête.

Quand je lisais ces posts je me disais aussi qu'un problème qui n'a pas de solution, du coup peut être que ce n'est pas un problème. Mais je veux bien reconnaître que je suis léger là-dessus, que l'effort demandé à mon cerveau par ce casse-tête me donne une irrésistible envie de m'en fiche comme de l'an quarante. Ce n'est pas glorieux et j'ai un peu honte.

Le modèle grippe espagnole

Il est courant de dire que cette crise du Covid-19 n'a pas de précédent et que nous n'avons pas de modèle. J'ai pourtant l'impression que si, on a un modèle, avec la grippe espagnole, et malgré les évidentes différences d'époque. Avec une montée en puissance, un pic, un plateau, une décrue et une longue traîne. Ce que nous allons vivre donc, jusqu'à ce qu'un vaccin se pointe, avec les limites éventuelles du vaccin.

J'aimerai que nos chaînes de télé fassent bosser leurs historiens sur ce qui s'est passé pendant l'épidémie de grippe espagnole. Car, non seulement elle a davantage tué que la première guerre mondiale, mais elle n'a pas duré que trois mois !

Il semble que nos ancêtres pas si anciens finalement ont connu peu ou prou ce qui nous arrive. Dommage que mon arrière-grand-mère ne soit plus là, elle était sortie veuve de cette épidémie alors même que son mari avait survécu aux combats. Déjà, une preuve que les hommes sont faibles et les femmes sont fortes 😅 Mon arrière-grand-mère sur BFM TV, ça aurait eu de la gueule !

Donc si nos aïeux ne sont plus là, il est temps que les historiens nous racontent une histoire que nous connaissons tous bien mal. Nos aïeux ont bien du connaître les masques et la distance sociale, dans le monde ravagé de la fin de la première guerre.

Nos villes et nos entreprises ne sont pas détruites mais je pense que les ruines vont apparaître sous d'autres formes. Il a été souvent reproché à Emmanuel Macron d'avoir parlé de guerre. Je ne lui chipoterai pas le terme. Je pense que les médecins ont eu le sentiment d'avoir été confrontés à une médecine de très grand désarroi, proche de ce qui se passe dans des zones de combat. Et les entreprises qui vont se casser la figure vont avoir aussi le sentiment d'avoir été "bombardées" par ce virus.

Mes conclusions

J'en ai quatre :

- soyons vigilants et engagés : nous sommes vivants !
- arrêtons de papoter et n'abusons pas de nos chaînes de télé. Ce sont des chaînes
- restons solidaires, quand même, malgré toutes les âneries que nous allons entendre
- arrêtons de parler du "monde d'après", du "nouveau monde qui ne sera plus jamais comme avant". Fadaises, fadaises. C'est se payer de mots. De toutes façons, on verra bien. Avance, Hercule !

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