Entre sous-marins et présidentielle : les propulsions nucléaires, au diesel ou à bicyclette



La vie des affaires est rugueuse : les australiens ont des relations de plus en plus compliquées avec la Chine. Les américains aussi. Ils se sont donc entendus derrière notre dos et Boris Johnson en a profité pour y glisser la carcasse de son pays. Cette histoire est remarquablement intéressante. Comme l'explique très bien ce podcast excellent du Monde, dans les affaires comme dans la diplomatie, et dans n'importe quel domaine en fait, ce qui nous guide ce sont nos intérêts, alignés avec nos valeurs. Point barre.

C'est vrai, en France, ce mot d'intérêts sonne comme si c'était sale. 

Les IPBM

Je me souviens il y a quelques mois avoir discuté avec Christian Thuderoz, sociologue et ex-syndicaliste formateur au sein de la CFDT, autour des concepts pertinents pour développer la culture de la négociation dans les organisations. Il avait du mal avec ce mot d'intérêts. Il préférait utiliser un sigle, que j'avais moi-même croisé dans ce livre très intéressant d'Arnaud Stimec, à savoir IPBM. 

J'adore la France, ce pays suranné qui aime les sigles. IPBM signifie Intérêts, Préoccupations, Besoins, Motivations. Rien que des synonymes en la matière en fait, puisque tous désignent ce qui est important pour des négociateurs, alors que les catalogues de revendication, les attaques ad hominem, voire les "colères", ne sont que l'expression de "positions" qui sont autant de postures. 

Quand une négociation s'engage, il est toujours difficile de faire la part des choses entre la position des parties en présence (ce qu'ils disent vouloir ou pas, pouvoir ou pas, pour simplifier) et les motivations qui sous-tendent ces positions. Or si les négociateurs ne comprennent pas les intérêts des uns et des autres, il ne seront pas capables d'en tenir compte pour élaborer la solution à leur différend, et ils viseront à côté de la plaque, soit en signant un compromis insatisfaisant, soit en passant en force, soit en manipulant l'autre, c'est à dire, en lui prenant au passage quelque chose que l'autre ne voulait pas donner.

Dans l'affaire des sous-marins, nous avons donc loupé la compréhension des besoins, des préoccupations, des motivations et donc des intérêts des australiens. Cela nous fait mal. Ceci nous amènera sûrement à réfléchir / revoir à notre stratégie. 

Reste la question de la duplicité du trio anglophone. Les français disent avoir posé ouvertement la question aux australiens sur l'intérêt des propulsions nucléaires sans avoir eu de réponse. Je ne sais pas si c'est vrai. C'est probable. En tout cas, l'histoire montre aussi que les négociations efficaces sont des processus qui se dispensent des médias et des bavardages jusqu'à la signature finale. Une négociation qui commence par une conférence de presse, vous pouvez être sûrs qu'elle est bidon ou qu'elle ne donnera rien. 

Une négociation doit créer de la valeur. Dans le cas présent, elle en crée même pour Boris Johnson, trop content de monter à bord pour faire le malin et donner un chouïa de crédibilité à son concept de Global Britain. Effectivement, nous avons de quoi rager.

Pour nous consoler

Ecoutons quand même ces anglais de Beatles. Ils ont jadis composé "Yellow Submarine", repris en VF par les Compagnons de la Chanson sous le titre "Le Sous-Marin Vert". Jaune, la couleur des cocus, vert la couleur de l'espoir, lequel fait vivre, comme chacun sait. 

Si les interprètes de cette chanson étaient des sous-marins, je me dis que là encore la "propulsion nucléaire" des Beatles a plus d'impact que la version diesel de nos braves "Compagnons de la Chanson".

Nucléaire contre diesel toujours : Zemmour et Mélenchon ; Zemmour et Marine Le Pen 

Dans la série des comparaisons abusives auxquelles je me livre, un mot sur le cas d'Eric Zemmour. Comme le surnomme ironiquement Philippe Caverivière, chroniqueur humoristique sur RTL que je découvre en cette rentrée et qui me fait bien rire, "mon ricaud" ou "Petit Corps Malade" fait un carton d'audience dont il se vante et qui ne se dément pas vraiment. 

A tel point que Mélenchon, ce héraut du peuple et de la démocratie, n'a pas hésité à chercher à l'utiliser pour redorer un poil sa campagne traînarde, une occasion que Z n'a évidemment pas laissé passer. J'ai jeté un oeil à leur débat, que j'ai assez vite refermé d'ailleurs. La cuistrerie était de sortie. Chacun ramenait sa culture et me rappelait irrésistiblement la fameuse phrase selon laquelle, la culture, c'est comme la confiture, moins on en a plus on l'étale. Bref, je ne les aime ni l'un ni l'autre. 

Par contre ce dont je suis à peu près certain, c'et que Z est dans le flow alors que JLM commence à sonner ringard. Et je ne vous parle ni de MLP, notre fille de facho nationale, qui dégringole dans les intentions de vote, ni des candidats LR qui n'intéressent toujours pas grand monde. Je note que Marion Maréchal va vers Eric Zemmour, si celui-ci se lance pour de bon, je pense que son moteur sera assez puissant. Car les médias vont lui servir la soupe même s'ils feront la grimace. Zemmour est un bon client et fera de l'audience, aucune raison de se priver. Les comparaisons avec Trump ne vont pas cesser de fleurir. Après tout, entre le golfeur milliardaire de l'immobilier et l'idéologue, il y a effectivement quelques points communs. Enfin, n'oubliez pas, au cirque, c'est l'Auguste qui est préféré par les enfants au clown blanc !

Reste la gauche : la propulsion à bicyclette

Le dernier sondage que j'ai lu place Mélenchon à 8%, Jadot à 6%, Hidalgo à 4% et Montebourg à 4%. Fascinante déroute et absolu naufrage. Il ne manque plus aux écolos qu'à choisir Sandrine Rousseau, celle qui se dit "contre l'écologie de gouvernement" (pour quelqu'un qui veut devenir présidente de la République, c'est une déclaration qui vaut son pesant de cacahuètes bio, le réchauffement climatique a de beaux jours devant lui). A gauche, les propulsions ne sont ni nucléaires ni diesel, elles sont à bicyclette. Ou alors avec des éoliennes. Le problème est qu'il n'y a pas de vent.


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