Frankenstein 3.0 est une femme !



Au début du 19ème siècle, l'écrivain Mary Shelley accède à la notoriété avec son premier roman : Frankenstein. Une notoriété durable. Mary Shelley a touché une corde sensible : les braves gens s'inquiètent du futur ! Et surtout le soupçon pèse sur les inventeurs : le mythe de Frankenstein, c'est celui de la créature qui se retourne contre son créateur. Dans son cycle des Robots, un peu plus d'un siècle après Mary Shelley, Isaac Asimov définit ses 3 lois :
1- Un robot ne peut porter atteinte à un humain ni le laisser exposé au danger
2- Un robot doit obéir aux ordres donnés par un humain, sauf si ces ordres sont en contradiction avec la première loi
3- Un robot doit protéger son existence à condition que cette mesure n'entre pas en contradiction avec les deux premières lois
Avec de tels antécédents littéraires il n'est pas étonnant que le développement des systèmes ayant recours à l'Intelligence Artificielle (IA) génère une littérature abondante, avec force caricatures, propos alarmistes et tutti quanti. Sans oublier les déclarations d'Elon Musk, l'homme de Space X et de Tesla, qui nous met gentiment en garde... Hurlement de rire mais piège grossier dans lequel nos trouillards en costume foncent tête baissée. J'aime entendre les tycoons américains des technologies mettre en garde les peuples de la terre contre les systèmes qu'ils développent. Il ne s'agirait pas que nos propres entrepreneurs et inventeurs s'y mettent !
Histoire d'alimenter la confusion sur le sujet, voilà que surgit sur les écrans du monde entier le robot dit humanoïde Sophia, mis en scène par Hanson Robotics, laquelle n'oublie de préciser qu'elle est là pour dominer le genre humain. Ben voyons. Quand je regarde cette séquence j'ai l'impression de voir une version télévisée niaiseuse des expositions de monstres de foire que dénonçait le film Elephant Man. Je remarque au passage que cette version idiote de Frankenstein est une femme... Hanson Robotics mériterait d'être cloué au pilori du #balancetonporc. Jamais créature n'a aussi peu mérité son prénom !
Le boss de l'IA chez Facebook, Yann LeCun, ne s'est d'ailleurs privé de flinguer comme il convient ce numéro de prestidigitateur numérique.  Sophia n'est qu'une marionnette et Hanson Robotics des ventriloques.
Dans quelques semaines va sortir le rapport sur "La Stratégie Nationale pour l'Intelligence Artificielle", auquel s'est attelé le député Cedric Villani, le "matheux" moqué par Jean-Luc Mélenchon. Pour l'instant, son message consiste à rappeler qu'il ne faut pas craindre l'Intelligence Artificielle mais juste les hommes qui seront derrière. Sage remarque. Car vu le succès d'audience remporté par Sophia et ses concepteurs, il est permis de se dire que, s'il est difficile de mesurer l'ampleur des transformations que nous apportera l'IA, il n'est pas compliqué d'observer les ravages quotidiens de la bêtise naturelle !


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