La fille du facho




Emmanuel Macron a eu bien du mérite dans son débat face à Marine Le Pen hier soir.  Et j'imagine un nombre très élevé de téléspectateurs également. Car nous avons assisté, de la part de la fille Le Pen, a un festival d'attitudes incroyablement mécommunicantes.
Mécommunicant, cela veut dire qui empêche la communication, qui lui nuit.

J'étais très impressionné de ressentir à quel point son attitude provoquait un malaise en moi. J'étais impressionné de voir aussi à quel point cela avait de l'impact sur les 2 journalistes "modérateurs", en particulier Nathalie Saint Criq, lesquels semblaient avoir effectivement du mal à respirer. Cet impact sur les journalistes eux mêmes s'est exprimé aussi dans les "debriefs" à travers les impressions communiquées par quelqu'un d'aussi chevronné que Ruth Elkrief par exemple. Attaques personnelles incessantes, confusion entre les problèmes à résoudre et la personne en face, elle ne nous aura rien épargné.

Vous rappelez-vous "La Ligne Verte" ? Dans ce film l'un des personnages absorbe toute les horreurs auxquelles il assiste avant d'être obligés de les recracher... Nous sommes dans le même état, nous avons été exposés à une quantité extrême de radiations de malveillance.

Marine Le Pen fait partie de ces personnes qui savent (si j'ose dire) sourire en effet de façon malveillante. Le sourire, en général, est une marque de bienveillance, d'écoute et d'attention. Pas chez elle, du tout. Elle est dans l'ironie et le sarcasme permanent. Qu'elle déteste Emmanuel Macron, on s'en fiche éperdument. Ce qui a un intérêt, dans sa candidature comme dans celle de Mélenchon, de Poutou, d'Arthaud ou même de ce crétinus de Dupont Gnangnan, c'est qu'elle est sensée représenter une partie de la population de ce pays qui ne sait pas comment s'en sortir dans les turbulences économiques (et autres) que nous traversons.

Comme Marine Le Pen n'invente jamais grand chose, je dirai qu'elle a cherché à faire du Trump, qui détient une sorte d'Oscar de l'odieux en campagne électorale. Après tout si ça a marché pour le Conducator new-yorkais, cela peut, peut-être, aussi marcher pour celle qui est la fille du facho, comme d'autres chantaient la fille du bédouin (chanson vaguement paillarde à l'ancienne et je me suis laissé dire que MLP aimait bien les paillardises).
Mais Trump parlait à son électorat au moins. J'ai eu l'impression hier soir de voir quelqu'un qui n'avait qu'un seul objectif : se payer la tête de son rival, lui hurler dessus pour provoquer une sortie de route, une colère, qui n'est pas arrivée, jamais. J'ai adoré quand Macron osait dire que sur tel ou tel point "elle avait raison".

Ensuite, elle passe son temps à accuser les autres d'être des créatures marketing. De mon côté j'ai surtout vu quelqu'un hier soir qui cherchait absolument à caser toutes les phrases-chocs que lui avaient concocté la bande de gros lards avinés qui la conseillent. Ils avaient eu l'imagination fertile, à vouloir faire de Macron, qui est un réformateur prudent, le parangon de "l'ultra-libéralisme sauvage et radical". C'était grotesque, pathétique, en dessous de la ceinture et tellement à l'image de toutes les têtes de lard qui la représentent sur les plateaux, de Philippot, dont la ressemblance avec le serpent dans le dessin animé Robin des Bois de Walt Disney est de plus en plus frappante à Sébastien Chenu, gueulard des plateaux, Gilbert Collard, le cynisme sur pied, etc.. Quand je pense à eux je pense à "Parachutiste" de Maxime Le Forestier.

Enfin sa vision de la négociation est étrange. Pour négocier il faut être deux au minimum. Or il ne se passera rien comme elle l'annonce. L'Europe aura besoin de se passer de nous si elle est élue. Et elle y arrivera, comme elle arrivera à se passer des Britanniques qui ont plombé la construction européenne depuis des années. Mme Le Pen nous promet une France façon Corée du Nord. Il y aurait un point commun, le pays serait gouverné par une famille et par ses obligés. Nous serons la honte absolue.

Je crois avoir assisté à tous les débats présidentiels de la Vème République (mon grand âge :-))). En 74, pour autant que je m'en souvienne (j'avais 13 ans) puis en 81, match retour, il y avait une vraie rivalité, de vraies divergences, mais Mitterrand et Giscard avaient des choses à dire, des mesures à expliquer, ils respectaient les règles qu'ils avaient fixées ensemble. En 88, il y avait de la tension, mais Mitterrand avait de l'humour. En 95, Jospin et Chirac étaient tellement polis l'un envers l'autre que l'on s'est pas mal ennuyé, un peu comme à Roland-Garros quand Lendl affrontait Wilander. En 2002, Chirac n'avait pas voulu débattre avec le borgne, cet homme dont Pierre Desproges disait : "il y a plus d'humanité dans l'oeil de mon chien quand il remue la queue que dans la queue de cet homme quand il remue son oeil". En 2007, Sarkozy a résisté aux assauts de bravitude de Ségolène, un peu comme le loup dévore la chèvre de M. Seguin. En 2012, il y eut le prodige de l'anaphore dont toute la gôche s'est esbaubie, le résultat cinq ans plus tard étant que nous avons récolté la fille du facho sur le plateau, jolie conclusion.

Dans un post précédent, je disais que c'était toujours (en tout cas très souvent) l'Auguste qui gagnait les élections, celui qui savait faire rire les enfants que nous sommes restés, alors que le clown blanc, très sentencieux, les ennuie. Hier Marine Le Pen a tenté de faire l'Auguste. Mais je ne crois vraiment pas qu'elle ait pu être drôle pour qui que ce soit. Alors, si vous n'avez pas ri, appuyez sur "eject" pour que le film de la Fille du Facho s'arrête. Comme Emmanuel Macron n'a cessé de le dire hier soir, les difficultés que rencontrent les électeurs de MLP valent plus et mieux qu'elle...

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Le gala des mégalos

Les clowns blancs, les Augustes, les élections et nous

L'Amiral Larima

L'expérience ? Un peigne pour les chauves

Omnicom, Publicis, Le Monde et les égaux

Have you seen your mother ? (standing in the shadow)

Filochard, Ribouldingue.... et Croquignol ?

Lupin, Djokovitch, Boris, et la création de valeur

Boris Macron et Emmanuel Vian

Pour passer un bon été