La vache et le dentifrice

Si vous n'êtes pas encore allés voir le film "La Vache", il est temps d'y courir. Ce film véhicule quelques bonnes idées et de très bonnes vibrations et j'en avais bien besoin, au lieu des polémiques insensées que je me prends dans la tête en permanence si j'ouvre une télé, une radio, un journal ou encore le gazouillis brouillon de Twitter, l'oiseau bleu mazouté.

La fraternité c'est pas du cinéma
"La Vache" vibre de fraternité et c'est bien agréable. On y voit des arabes sympas, drôles, avec le sens de l'humour, amoureux, qui aiment notre joli pays tout plein, qui connaissent les tubes de nos Top 50,... Bref le contraire des porteurs de capuches, des poseurs de bombes, des repliées du foulard, des sombres barbus et des crétins moustachus. On y voit aussi des hobereaux de province à la fois coincés, généreux et fauchés comme les blés ce qui vaut au personnage interprété par Lambert Wilson de se faire traiter de "comte à découvert" par un Jamel Debbouze hilare.

Ce n'est pas que du cinéma : ces gens là existent et je suis bien content de les voir se rencontrer autour de la vache Jacqueline !

En tout cas allez voir Jacqueline, cela vous changera de Donald T, ce gros Mickey grossier, dangereux et vindicatif que les américains ont l'air de vouloir pousser en avant.

Le dentifrice sorti du tube, c'est du cinoche
Cela vous changera aussi de nos manifestants de début de printemps, les batteurs de pavé qui veulent nous refaire le coup du CPE... waow un jour j'ai entendu un soi-disant étudiant d'aujourd'hui, militant à l'Unef, qui se rappelait avec des larmes dans la voix la terrible lutte qu'il avait mené contre le CPE... il y a donc 10 ans !. Quel talent : il traînait en fac depuis 10 ans ? Qui bidonne ?

Ce festival de postures nous vaut la répétition ad nauseam de la métaphore dite du dentifrice sorti du tube. Hollande serait foutu car : "les jeunes, c'est comme le dentifrice, quand ça sort du tube, on ne peut pas le faire revenir à l'intérieur". Alors, celle-là, on l'aura entendue !

Tout ce petit monde a très mauvaise haleine en fait. Pendant qu'il éructe ses slogans, on comptabilise de plus en plus pas loin de 6 millions de chômeurs. De mon côté, récemment, j'ai un contact qui ne pouvait pas organiser de réunions avant début juin car il était absent pendant la totalité du mois de Mai ! Eh bien oui, faut écluser les reuteuteu ma brave dame... Et en Avril, il y a des vacances à prendre.

Je ne sais pas si le code du travail est trop long, trop court ou je ne sais quoi. Ce que j'observe, c'est qu'il concerne de moins en moins de monde. Et les outsiders de mon genre aimeraient bien que les quelques insiders qui leur font l'honneur de leur signer des contrats arrêtent de se burnouter en attendant la quille mais se mettent à vouloir faire avancer le schmilblick au lieu de se consterner de ne pas avoir assez de temps !

Bon, voilà que ma mauvaise humeur reprend le dessus. Ah, Jacqueline, tu vois comme nous sommes.

Soyons sérieux deux minutes : quelques bonnes lectures
Les partenaires sociaux ont été invités par la vaillante Mme El-Khomri à travailler ensemble à élaborer de nouvelles règles pour revoir l'organisation du travail dans notre économie uberisée, et ils ont refusé de le faire, une réaction que j'ai eu du mal à croire mais que confirme un avis rendu par le Conseil d'Etat le 17 mars dernier.

Il y a presque six millions de personnes hors jeu, cela mérite d'y consacrer autre chose que des pétitions. Mais non, surtout ne touchons à rien.

Un économiste aussi peu suspect d'ultra-libéralisme que Daniel Cohen plaide "qu'il est temps d'arrêter d'agir avec un biais idéologique". Je partage ! De mon côté, je ne peux que constater qu'un texte qui plaide pour développer la culture de la négociation dans ce pays provoque, à peine connu, des réactions de crispation radicale. La croyance au rapport de force et à la seule valeur de la loi a de beaux jours devant elle. Voilà qui va me donner du travail :-)

Terminons en recommandant la lecture de "Psychanalyse du lien au travail", de Roland Guinchard (lire en particulier son billet dans le lien), histoire de réfléchir à ce "désir de travail" avec lequel nous donnons le sentiment d'avoir un problème et qu'aucun texte de loi ne peut réellement aborder à mon sens. Nous confondons trop "le travail" et "l'emploi"... du coup il y a du dentifrice partout par terre et on glisse !

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