Mécanismes d'échec : quand ils sont "à la une"




Il pleut, il mouille, c'est la fête à la grenouille et vivement demain.
Petit constat désabusé de dimanche après-midi qui montre que je suis, moi aussi et probablement comme beaucoup d'entre nous, affecté par les miasmes ambiants.
Je pourrais prendre de grandes résolutions : cesser de passer mes fins de soirée à regarder les chaînes d'information continues par exemple, mais je ne le fais pas et je ne suis pas sûr d'en avoir envie, va comprendre Charles.
Si nous sommes nombreux dans cette situation, c'est que nous sommes harponnés par un phénomène que le Docteur Taibi Kahler (photo), le psy américain à l'origine du Process Communication Model appelle "le mécanisme d'échec", c'est à dire des signaux de stress fort que nous émettons ou que nous voyons l'autre émettre. Ces signaux sont extrêmement contagieux sur l'humeur. Lorsque j'active mon mécanisme d'échec, c'est que je recherche de manière négative une satisfaction à mes besoins psychologiques. Et quand je me lance là-dedans, planquez vous.

Alors quand un homme public active le sien, que les réseaux sociaux et les chaînes d'information continue le relaient et le rendent visible ad nauseam, que des juges lui confèrent une dimension qui dépasse la seule question psychologique, que le personnel politique tout entier chauffé à blanc par une élection présidentielle se fait hameçonner comme n'importe quel gardon par un pêcheur débutant, cela plonge notre "cher et vieux pays" (comme disait celui que l'on ne verrait pas mis en examen) dans un état proche de l'Ohio comme le chantait cette chère Isabelle.

Voyons voir quels sont les mécanismes décrits par le Process Communication Model. Surtout ne vous étonnez pas de vous reconnaître, d'y reconnaître qui votre voisin, qui votre mari, qui votre femme, qui votre "n+1" ou qui vous voulez. Si vous en ressentez le besoin, ne vous gênez pas, faites moi signe, je travaille avec mes clients sur ce genre de sujets pour les aider à en déjouer les pièges.

- Le sur-contrôle : la personne qui active ce mécanisme a un besoin extrêmement puissant de reconnaissance de son travail ou de structuration du temps. Si elle exécute un travail sans recevoir le niveau de feedback positif dont elle a besoin, la relation va tanguer. Si elle trouve que la façon dont telle ou telle affaire est mal organisée ou qu'elle n'arrive pas à capter combien de temps cette affaire va prendre, l'humeur va virer au maussade. Et celui ou celle qui se retrouve dans cet état là va avoir tendance à imposer ses vues de manière tyrannique, sur l'air de "si je ne m'en occupe pas, tous ces crétins n'y arriveront jamais".

- La croisade : la personne a un besoin puissant de reconnaissance de ses opinions. Si vous vous en moquez ou si vous lui dites que "c'est pas grave", gare au gorille. Prenons un exemple de la vie courante : vous remettez un dossier sur lequel vous avez sué sang et eau depuis des jours. Et sur un point de détail dudit dossier à vos yeux, votre interlocuteur vous fait remarquer qu'il y a quelque chose qui ne va pas. Vous lui répondez plus ou moins clairement que ce n'est qu'un détail. Si votre interlocuteur est du genre à conduire des croisades, il est fort probable que vous allez vous entendre dire que non, ce n'est pas au détail ou alors que oui, c'est un détail, mais c'est justement là que le diable se niche, et donc, et patati et patata. Je ne devrai pas en rire.

- le blâme : je vous préviens, c'est le mien :-) Il signifie que j'ai un besoin très irrépressible de contacts positifs et drôles. Bref, si vous m'entretenez d'un sujet que je trouve ennuyeux, il y a des chances pour que vous finissiez par vous prendre un truc du genre : "fais ch... ton truc, ça sert à rien, ça marche pas, et d'ailleurs je me casse, non mais"... Toute ressemblance avec des scènes vécues n'est pas fortuite. Je me soigne :-)

- l'attente passive : la personne qui active ce mécanisme a un grand besoin de solitude. Si elle n'arrive pas à le satisfaire, elle va attendre que l'objet de son stress, par exemple une réunion bruyante où chacun parle fort et se coupe la parole, disparaisse comme par magie. Elle va alors se mettre en mode "off" à tel point que les autres participants ne seront pas tout à fait certains de l'avoir vue dans cette fameuse réunion.

- les erreurs involontaires stupides : la personne concernée a un besoin majeur de reconnaissance de sa personne. Si elle n'obtient pas cette attention personnalisée, si elle se met à penser que vous ne l'aimez pas, le trop plein d'émotion que cela provoque en elle va lui faire perdre le contrôle de ses faits et gestes d'où une succession d'erreurs, de gaffes qui finiront par lui attirer une remarque désobligeante qui la "plombera" un peu plus. D'ailleurs il est possible que vous l'entendiez dire "ce que je suis bête alors"...

- la manipulation : la personne en question aime l'action et a besoin d'excitation. Il faut que les choses pulsent pour que la vie en vaille la peine. Il, ou elle, est fort(e), non mais. Quand cette personne ne reçoit pas la dose appropriée d'excitation, ou qu'elle se sent coincée pour une raison ou pour une autre, elle aura tendance à manipuler émotionnellement les autres pour les pousser à la faute et elle pensera que "c'est bien fait pour eux, ils se sont fait du mal tout seul".

Aucune de ces situations n'est plaisante. Ce sont des comportements sous stress violent. Quand nous les voyons à l'oeuvre, les uns ou les autres, nous sommes incités à activer nos propres mécanismes d'échec. Ce sont des séquences contagieuses et il est utile que nous apprenions à nous en protéger comme à les gérer. Le Process Communication Model nous apprend à activer les processus à suivre pour éviter de partir en vrille et à interagir avec l'autre de façon à le faire sortir de son mécanisme et à retrouver la capacité à satisfaire son besoin de façon positive. Taibi Kahler a développé son modèle en travaillant étroitement avec la NASA pour la constitution et le management des équipages des navettes spatiales. J'ai pour ma part découvert le modèle il y a une bonne vingtaine d'années et même si je ne suis pas astronaute, j'en mesure la force et l'impact régulièrement.


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