Je ne serre pas la main d'un chef



Au milieu des années 80 le petit Grégory Villemin, 4 ans, avait été retrouvé assassiné dans la Vologne.
L'affaire avait défrayé la chronique.

De l'impact d'un canapé en cuir

Dans les innombrables anecdotes qui ont nourri le sujet il y a cette fameuse réplique du grand oncle du petit Grégory, l'ineffable délégué du personnel et syndicaliste CGT, Marcel Jacob, qui fut, y compris lors des derniers rebondissements, considéré comme un suspect très sérieux. Le grand oncle en question avait ainsi déclaré à son neveu, le père du petit Grégory, Jean-Marie Villemin, à l'occasion d'un conflit social dans la filature où ils travaillaient tous les deux, "je ne serre pas la main à un chef".

Jean-Marie Villemin avait été en effet promu contremaître. Il avait aussi (paraît-il !) une nouvelle maison et un beau canapé en cuir, et le "corbeau" qui le harcelait le traitait de "Giscard".

Pour tous ceux à qui le nom de cet ancien Président ne dit pas grand chose, rappelons-nous que Giscard, 93 printemps désormais, avait fait l'objet d'une grosse campagne d'attaques destinées à montrer qu'il se comportait comme un monarque et que d'ailleurs il gardait pour lui des diamants offerts par le très peu recommandable Bokassa 1er empereur de Centrafrique ! Ces attaques avaient porté, avait alors été élu Mitterrand, un homme vertueux entre tous comme chacun sait, qui ne mentait ni ne manipulait jamais, une sorte de saint laïc que la France a eu l'extrême bonheur d'avoir comme Président pendant 14 ans ! J'en frissonne d'émotion et les larmes me montent aux yeux rien que d'y repenser.

Le petit Grégory est donc très probablement la victime d'une haine sociale. Née dans les mots d'ordre de la CGT et l'abus d'alcool, dans un contexte où règne, désolé d'être aussi peu aimable, misère intellectuelle et sociale.

De Grégory aux Gilets Jaunes

Pourquoi revenir sur ce sujet aujourd'hui ? Parce que les Gilets Jaunes sont, vu de ma fenêtre, les héritiers ou les épigones de Marcel Jacob, tous ces valeureux représentants de ladite classe ouvrière et qui périssent d'envie et d'ennui dans leurs vies à découvert permanent.

Raison pour laquelle les Mélenchon, Ruffin et autres Martinez les défendent quoi qu'il arrive. Ils sont cette France que Macron est censé ignorer. Le petit Grégory est probablement mort de cette haine du canapé en cuir vu comme un symbole, au même titre que le Fouquet's a été incendié.

Je ne peux pas m'empêcher de penser que l'incroyable succès médiatique, si j'ose parler ainsi, de l'affaire Grégory repose précisément sur ce contexte social. Pour des avocats comme pour des journalistes, il était hors de question que puisse s'ancrer l'idée que ce gamin avait été la victime expiatoire d'une crise de jalousie sociale. La classe ouvrière ne pouvait pas être une classe d'assassins de gamins de 4 ans. Egorger le bourgeois d'accord, mais s'en prendre à un gamin sans défense, ça pue le minable. Même phénomène avec nos Gilets : incendier le Fouquet's, c'est glorieux. Incendier un kiosque à journaux, ils sont moins nombreux à s'en vanter.

Ce déni de reconnaissance de ce à quoi peuvent mener l'envie et l'ennui social a fait deux grandes victimes collatérales : le beau frère, qui était peut être partie prenante mais qui a été assassiné par le père de Grégory ; et la mère elle même, accusée d'infanticide sous les incantations lamentables de cette vieille pythie de Marguerite Duras.

Dans la crise des Gilets Jaunes, les victimes collatérales sont tous les commerçants de centre ville un peu partout en France, et bien sûr leurs employés. J'attends avec impatience les plaintes sur les commerces qui désertent les centres villes. J'aimerai que Michel-Edouard Leclerc et ses comparses ne soient pas seuls sur le banc des accusés. J'aimerai y trouver Eric Drouet le tricard des poids lourds, Maxime Nicolle, le complotiste bavard ou toutes les autres soi-disantes "figures du mouvement" pour reprendre la litote aimable trouvée par la presse pour désigner ce qu'il serait plus clair d'appeler "les meneurs".

Des Gilets Jaunes à Theresa May

Impossible de terminer cette chronique mensuelle sans au moins quelques lignes sur cette pauvre Theresa May, porteuse de cette croix qu'est le Brexit, décision grotesque et intenable. Je la plains encore un peu, malgré ses manipulations à la petite semaine qui d'ailleurs n'intéressent personne (genre : si vous signez l'accord je m'en vais.... ).

Le Brexit est une décision stupide, née de l'addition d'un processus manipulateur initié par David "Brushing" Cameron avec des sentiments de jalousie et de rancoeur sociale entretenus par les mensonges de Boris "Gugusse" Johnson. J'ai déjà écrit là-dessus.

Les Brexiters sont les Gilets Jaunes anglais, il y a une "Angleterre périphérique" encore plus sous l'eau que notre "France périphérique".

Sous l'eau, c'est le mot, comme l'était Grégory Villemin, 4 ans.


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