Le Monde et Doctolib, et autres sujets préoccupants



Le quotidien Le Monde, dans son édition du jeudi 20 mai, se fend d'un gros dossier intitulé : "Les ambitions dévorantes de Doctolib", accompagné d'un article connexe : "Sécurité des données, position hégémonique...Faut-il avoir peur de Doctolib ?".

Franchement, rien qu'à lire les titres, je me suis dit : "vive la France".

Doctolib fait partie des plus belles réussites françaises en matière d'e-economie et Le Monde sourcille.

Parmi les sources d'inspiration de  ce papier sourcilleux, le lecteur trouve la Fédération des Médecins de France (FMF), dont la présidente, Corinne le Sauder, se fend de cette perle : "la Caisse d’assurance-maladie aurait peut-être pu développer sa propre solution si on l’avait saisie beaucoup plus tôtL’Etat ne se pose pas ces questions, il est plutôt dans la promotion à outrance de Doctolib".

Il ne peut donc y avoir d'initiative en France que publique. Dire que nous nous étonnons de la fuite de nos cerveaux, de n'avoir pas été capables de produire un vaccin, d'être désindustrialisés, d'être à la merci du premier GAFA ou du premier Chinois venu...

Cela fait des années que je fréquente start-uppers et autres innovateurs et que je les vois pointés du doigt dès qu'ils réussissent. Je sais bien que les Français des années soixante préféraient Raymond Poulidor à Jacques Anquetil, qu'il est des défaites magnifiques et que nul n'est prophète en son pays, mais bon, c'est lourd sur Doctolib. Et puis c'est loin les années soixante ! Pourrions nous passer à autre chose, regarder le futur avec de l'énergie, de l'enthousiasme, de la confiance. A lire Le Monde, et ce n'est que l'exemple le plus récent, j'ai l'impression de contempler un pays en pantoufles, avec le gilet jaune qui pend au porte-manteau.

Car Doctolib ça marche. Ce n'est pas juste du chiffre d'affaires, de la finance et de la licorne, c'est un vrai service à grosse valeur ajoutée aussi bien pour les patients que pour les médecins. Et si Doctolib n'existait pas, faites confiance aux américains ou aux chinois, ils ont ou auront la solution, ce que Le Monde veut d'ailleurs bien concéder.

Nous avons bien plus besoin d'une grande quantité de Doctolib que des prêches sinistres de Philippe de Villiers, de Michel Onfray et donc du Monde, que je mets ainsi dans le même sac que ces réactionnaires bien connus, au moins à cause de cet article, un amalgame qui les ravirait, j'imagine.

Restent les éternels complotistes de l'exploitation de données. La littérature commence à devenir assez imbibée sur le sujet. 

Je viens de terminer "Les enfants sont rois" de Delphine Le Vigan et ça y va joyeusement dans la tartine. J'ai accroché sur le bouquin jusqu'au moment où l'auteure lâche son affaire, balance son intrigue à la poubelle et achève son histoire par un prêchi-prêcha anti réseaux sociaux très convenu, alors que jusque là, j'avais juste vu, dans l'héroïne de son roman, le portrait impitoyable d'une naïve pas très futée et très malheureuse. Delphine Le Vigan en fait une victime d'un système. C'est une manie, la création de victimes. A croire que personne n'est responsable de ses propres actes et décisions.

Ce roman a été ma deuxième déception de l'année, après mon semi-enthousiasme vis à vis de "l'Anomalie", que j'ai lu avec un plaisir absolu jusqu'au moment où l'auteur alourdit son histoire d'un prêchi-prêcha naturaliste totalement rasoir. 

Est-il possible aux auteurs d'écrire des bouquins ou de faire des films avec des intrigues qui nous épargnent leurs "messages" ? Si vous regardez, par exemple, la nouvelle mouture du gentillet "Poly" de Nicolas Vannier, là encore vous allez y trouver les bonnes pensées du moment, avec une telle kolossale finesse qu'on croirait un scénario écrit par Cécile Duflot.

Vive Doctolib, longue vie à Back Market dans un autre domaine, il est plus que nécessaire d'aider ces entrepreneurs, tous les entrepreneurs, à grandir, à donner envie à d'autres de se lancer ! 

C'est tout de même plus intéressant que de pédaler dans la mousse puisque, à écouter le bruit ambiant, le but majeur du déconfiné moyen serait d'aller "boire une bière en terrasse". Tant mieux pour les cafetiers. Moi je reste le schtroumpf "j'aime pas la bière".

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