C'est au pied du mur qu'on voit les maçons : le temps d'Héphaïstos est venu

 


Les élections législatives ont livré un résultat qui nous promet de jolis pataquès, de grands tête-à-queues et autres joyeusetés.

Car le corps électoral a délivré quelque chose qui ressemble, de mon point de vue, à quelques semaines d'écart, à une énorme hésitation stratégique.

A la présidentielle il a voté Macron car a priori celui-ci a toujours l'air d'être le plus compétent de la bande. Même si beaucoup ne l'aiment pas, la majorité le préfère encore aux autres.

Un déni de près de 40 ans

Ensuite, depuis une petite quarantaine d'années, disons depuis que Mitterrand s'est évertué à nier son virage stratégique de 1983 où il a abandonné les idées du Programme Commun, nos gentils concitoyens essaient à peu près désespérément tout pour éviter de s'inscrire dans la démarche du monde. 

Alors après Mitterrand, les deux cohabitations un peu stériles, ils ont essayé Chirac et son fumeux programme de mangeur de pommes anti-fracture sociale, puis re-Chichi en rempart contre l'extrême droite (rires), puis Sarkozy qui s'est cru plus fort que le déclinisme ambiant, puis Hollande qui avait l'air bien sympa. 

Comme tout cela ne marchait pas bien et que les US s'étaient dotés du gros plein de soupe le plus sinistre qu'ils aient pu trouver, les braves citoyens ont opté, par goût du contraste, pour le petit jeunot culotté qui avait l'air de pouvoir dépoussiérer la pièce.

Le problème est qu'enlever les poussières et donc soulever les tapis en a fait éternuer beaucoup et que la vie n'est pas drôle, sans parler du virus qui nous a sauté dessus. Bref, cinq ans plus tard, le petit jeunot l'est un peu moins et paraît beaucoup moins sympathique.

L'électeur magicien

Résultat les électeurs ne choisissent pas vraiment et réussissent à sortir une Assemblée Nationale proportionnelle élue au scrutin majoritaire à deux tours. Ce pays est magique, nous avons tort de tant douter de nous-mêmes.

Bref chacun est prié de faire son examen de conscience, de sortir des postures et de se sortir les doigts pour affronter les chantiers bien connus : le réchauffement climatique bien sûr mais aussi, l'inflation et les grands bazars que sont le système de santé et l'éducation nationale pour se limiter à ceux-là. 

Car Méluche peut bien faire son malin : personne ne peut y arriver tout seul. Macron avait promis de dépasser le clivage gauche-droite car les vieilles postures ne permettaient pas de faire du bon travail. La première séquence a consisté à lui donner une majorité imposante, mais ça n'a pas donné les résultats attendus. Par conséquent, l'électeur tente une seconde formule : tout le monde est au pied du mur. Personne n'a gagné vraiment. Personne n'a perdu vraiment. Le message est : êtes-vous capables de dépasser vos postures ?

Les Français sont-ils naïfs ? Ont-ils raison de croire que leurs élus, tous leurs élus à commencer par le Président, sont capables de se réinventer ? D'arrêter de se croire sauveurs du monde ? De comprendre qu'ils sont plus prosaïquement de modestes ouvriers chargés de bosser tous ensemble ? De résoudre les problèmes sans trop chercher à la ramener ?

Non au compromis, oui aux négociations

Honnêtement c'est ce à quoi se livrent des millions de Français tous les jours dans leurs entreprises, leurs associations et même leurs administrations. Alors si tout le monde y arrive plus ou moins, pourquoi pas nos représentants ? Au moins cette Assemblée rabat-elle un peu le caquet de ceux qui se voient comme des "élus" avec toute la connotation surnaturelle ou biblique que ce terme peut également renfermer.  Vu le taux d'abstention, ils sont élus de pas grand' monde, donc mollo les basses les amis. 

Les médias nous serinent tous les matins qu'il va nous falloir découvrir la culture du compromis. Ils ont tort. C'est de culture de la négociation qu'il convient de parler. Car si le compromis coupe les poires en deux ce qui n'a rien d'exaltant, les bons négociateurs sont créatifs, c'est bien le défi lancé ! 

Pour ma part certains hommes politiques sont moins désespérants à écouter que d'autres. Je n'attends rien de Méluche. Il devrait prendre sa retraite le papy. Comme il nous explique qu'après 60 ans l'homme est sub-claquant, ce serait bien qu'il s'applique à lui-même ce qu'il veut imposer aux autres. Cela dit, comme sa théorie est stupide, je comprends qu'il ait du mal ! Je n'attends rien de Marine Le Pen ni d'aucun de ses sbires bien entendu, le nationalisme c'est la mort, on voit tous les jours en Ukraine où mènent les délires nationalistes du tsar des soviets. Je n'attends rien de Christian Jacob ou d'Olivier Faure, prisonniers de leurs épiceries. Mais peut-être y en a-t-il de moins stupides.

Le temps d'Héphaïstos 

C'est au pied du mur que l'on voit les maçons paraît-il. Alors, allez-y les gars, sortez les truelles, c'est le moment, et ce ne doit pas être pour construire des châteaux de sable, non, non, ce ne sont pas des vacances qui nous attendent !

Il est temps de passer de Jupiter à Héphaïstos, et la remarque ne vaut pas que pour Macron, oh que non.

Dans la mythologie grecque, Héphaïstos était le dieu de la forge. C'était un artiste, un inventeur, un solitaire. Il était le fils d'Héra. Il était né boîteux. Zeus (Jupiter donc) l'a jeté du haut de l'Olympe et sa chute a duré plusieurs jours...Il travaillait au creux du volcan, c'est même le seul dieu qui travaillait ! Il créait, il réparait. Et il épousait Aphrodite !

Pour ceux que cela intéresse, je renvoie au jeu magnifique inventé par Vanina Gallo : "Oracle des dieux et déesses grecs", édité chez Hugo New Life. Remarquable et inspirant !


Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

L'expérience ? Un peigne pour les chauves

La Fièvre : pour, de bonnes ficelles ; contre, mon mauvais esprit

L'Amiral Larima

C'est parfois fatigant de lire le journal

Les clowns blancs, les Augustes, les élections et nous

Films de profs

Fantômette et le trésor des coachs

Amélie ou comment s'en débarrasser

Roland Garros, les ploucs, l'Assemblée nationale et Chat-GPT

Quelques raisons de rester sans voix face à la page blanche