Avant les Stones...la patrouille des Castors !!



Je suis tombé ce matin, au hasard de pérégrinations sur LinkedIn, sur un post comme toujours très remarquable, de Philippe Silberzahn intitulé "Ce que Keith Richards nous apprend sur les vertus du conflit dans l'organisation".

Comme je l'ai écrit dans un commentaire que je n'ai pu me retenir de faire : la biographie de Keith Richards, "Life", parue en 2010, est un must pour quiconque aime les Stones et est prêt à se plonger dans la vie rocambolesque d'un grand rebelle du siècle.

Lorsque je m'étais plongé dedans pour ma part, à la page 80 de l'édition française, ô stupeur, voici sur quoi j'étais tombé : "je crois que ma période scoute a joué un rôle plus important que je ne l'aie jamais pensé. J'avais une bonne équipe. Je connaissais mes gars et on était crédibles. Il y avait un peu de laisser-aller côté discipline j'en conviens, mais quand on arrivait à "la mission consiste aujourd'hui à...", on y allait sérieux."

 Il ajoute un peu plus loin : "j'étais en tournée avec les Stones dans ma chambre d'hôtel à Saint Pétersbourg, quand je me suis retrouvé collé à ma télé à mater la cérémonie du centième anniversaire des boy-scouts (...). Tout seul dans ma piaule, je me suis levé, j'ai exécuté le salut à trois doigts et j'ai jappé : "Chef de la patrouille des Castors, 7ème section de Dartford, sir !" (...)

Si j'ose le raccourci, les prédécesseurs des Rolling Stones dans la tête de Keith Richards s'appelaient donc la patrouille des Castors.

J'adore !

Ma propre expérience du scoutisme est qu'il s'agit d'un des meilleurs lieux d'apprentissage du management, entre autres qualités. Certes je n'ai pas tourné Rolling Stones et mon équipe était celle des Cactus ;-), mais j'y ai noué des amitiés fort durables, dans le partage d'actions et de galères diverses. Comme j'ai réussi à m'y entendre dire un jour que j'étais irrécupérable, et que j'y ai pris quelques responsabilités un peu plus tard, je me dis que j'ai établi avec cette organisation un rapport extrêmement sain !

Cet apprentissage du management que je partage donc avec Keith Richards est marqué par trois grands ingrédients : la débrouillardise, la prise d'initiative et la camaraderie.

Trois ingrédients à cultiver. Si le manager les néglige, il y a de la démission à prévoir ! Et si le collaborateur ne les intègre pas dans son activité, un grand ennui menace !

La débrouillardise : elle revient à se rendre capable de réaliser quelque chose sans instructions, sans process, sans être "couvert". C'est accepter la part de risque, la prendre en charge. La plus remarquable illustration de cette qualité nous est aujourd'hui donnée par l'armée ukrainienne, à la fois dans son action sur le terrain comme dans sa communication. Alors que le système D, comme disaient certains, apparaît souvent comme un amateurisme, j'y vois au contraire la touche finale du professionnalisme. 

La prise d'initiative : Nous sommes surexposés aux bavardages et aux leçons de sachants multiples. Nous sommes champions des analyses en tout genre. Nos organisations ont besoin de toutes celles et tous ceux qui ont envie de se mettre en action.  Prenons l'exemple du réchauffement climatique, j'en ai par-dessus la tête des dénonciations en tout genre. Quant à ceux qui se lancent, soyez conscients que toute prise d'initiative entraîne une réaction et qu'il va falloir vous en occuper aussi ! 

La camaraderie : elle vient compléter l'idée des deux lignes précédentes. Face à l'adversité ou à la difficulté de certains changements, il est utile de se serrer les coudes. Un DRH que j'apprécie beaucoup écrit souvent sur l'importance de l'amitié professionnelle. Comme il l'écrit fort justement dans cet article paru en français dans la Harvard Business Review et intitulé "La cause et l'amitié", le sens est un faux ami, un marronnier de la pensée managériale. Sans amitiés professionnelles, nos organisations n'ont pas de ciment. 

Chacun de ces trois points peut enfin être illustré à travers de multiples exemples de la carrière aventureuse et à bien des égards éminemment croquignolesque des Stones. Si vous aviez des doutes, surtout ne vous privez pas de lire "Life".

Vous pouvez aussi écouter ça, une de mes préférées du gang

PS : dans la série des recommandations de lecture, je ne peux qu'attirer votre attention sur la dernière parution de Benoît Aubert sur "Le management selon Louis de Funès". Quelqu'un qui ose titrer une partie d'un chapitre "Blaze, flattez-moi", mérite toute notre attention !! Et ce sera toujours mieux que de se risquer dans la littérature sentencieuse de Julia de Funès, dont il m'est déjà arrivé de dire pis que pendre !



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