La grande kermesse des retraites

 


C'est reparti pour un tour. 

L'affaire était annoncée et nous y sommes. Nous voilà embarqués dans la folle kermesse de la énième réforme des retraites puisque, chacune l'une derrière l'autre, ces réformes s'appliquent à revenir sur l'une des décisions les plus emblématiques des septennats de François Mitterrand : la retraite à 60 ans. Une décision dont un livre blanc publié en 1991 et préfacé par Michel Rocard, premier ministre détesté du président en question, soulignait le caractère irréaliste*.

Le raffut que le projet 2023 déclenche est tellement convenu que je me demande comment les uns et les autres font encore pour y mettre de l'énergie. De mon côté je m'en moque éperdument. Il est vrai qu'à mon âge avancé... Enfin, bon, je n'ai pas encore envie de mettre la clé sous la porte et j'ai la chance de faire un métier qui m'amuse et où je ne m'ennuie pas. Chasser le client est parfois un poil lassant, j'en conviens. Tant que mon banquier n'est pas trop sévère...

La métaphore du pied cassé : c'est de saison

Grâce aux échanges de voeux de ce début d'année, je découvre quelques camarades qui décident de raccrocher les gants, en général leur boulot commençait à leur sortir par le nez, les pauvres. J'en connais même une qui s'est très concrètement cassé le pied, ce qui n'est pas mal du tout d'un strict point de vue métaphorique. Enfin tout cela est très intéressant et la réflexion sur cette nouvelle transition de vie qu'est la retraite est passionnante à observer et à accompagner.

Il n'en est évidemment pas de même, de mon point de vue, pour les innombrables et sentencieuses analyses de la cohorte de sociologues, psys, bobologues, économistes de gauche, qui signent éditos sur éditos dans les canards sympathisants de la cause perdue.

Et je ne vous parle pas du non-sens écologique de cette réforme, non mais !

Faites-vous plaisir.  

Quand tout est permis, y'a pas de raison de s'arrêter. 

A tout hasard, dans un monde décroissant et post-industriel, je ne sais pas où seront les salariés et encore moins les retraités du secteur privé, une catégorie née de la révolution industrielle. Dans cette joyeuse interview, l'ancien ministre Yves Cochet nous expliquait ce qu'est un monde qui s'effondre. Je ne suis pas sûr que, si cette vision a le moindre sens, que nous nous préoccupions beaucoup le jour venu, de l'âge de la retraite. 

Si cette vision collapsologue est dénuée de tout fondement (je le pense), alors nous devrons quand même nous préoccuper de notre démographie et de ses conséquences budgétaires.

Je dois cependant rappeler que le fameux Livre Blanc de 1991 évoquait le risque de "guerre de générations". Quand je vois la quantité d'échanges que je peux avoir avec des managers qui rencontrent des difficultés avec la cohabitation intergénérationnelle, je me demande si le ragoût commence à mijoter...

Cette discussion enfiévrée est vraiment un problème de riches, désolé. Avec une guerre aux portes et une menace climatique a priori pas écartée, franchement, la réforme des retraites... Nous sommes risibles.

Le scénario

Alors comment tout cela va-t-il se passer ? D'abord nous allons avoir des manifs. J'espère que mes camarades d'Occurrence vont s'amuser à compter les foules. Cela nous promettra de belles empoignades, les comptages d'Occurrence s'employant en général à verser quelques douches froides impitoyables sur les fantasmes des syndicalistes.

Ensuite nous aurons des grèves de transport. Cela va être très pénible et nous verrons plus de bouchons routiers que d'habitude encore que la CGT du pétrole ne devrait pas louper l'occasion de nous livrer un petit blocus de derrière les fagots. Vive les transports en commun du service public fer de lance de la transition écologique ! Je ne prévois pas de prendre beaucoup de trains pendant les futures vacances d'hiver et peut-être même de printemps si le gilet jaune qui sommeille a un peu de peps et le gouvernement un peu de résistance. Bref le bazar va être intense, à la hauteur du défi que Macron lance à l'imaginaire de gauche.

Je plains d'avance les commerçants de centre-ville et j'espère que mes clients vont continuer à me faire bosser. Au pire nous nous remettrons à faire du Zoom, c'est un truc qui marche plutôt pas mal. A moins que le gréviste EDF ne se substitue au froid qui ne vient toujours pas pour nous couper le courant, sans sommation pour le coup.

Et au bout du compte ? Mystère et boule de gomme et, franchement, cela m'est égal, mais alors, à un point majuscule ! J'espère que les chipolatas et les merguez des braseros des manifs seront en quantité suffisante, encore que je me demande, comment feront-ils pour ne pas incommoder le manifestant végan ?

Vivement cet été, la plage et les sentiers de randonnée, au choix.

PS : comme je ne suis pas que le monstre de l'ultralibéralisme que ce post (et beaucoup d'autres) laisse entrevoir, je vais faire une recommandation de lecture d'un bouquin, dont l'auteur, hélas décédé prématurément, aurait sûrement été un combattant acharné de cette réforme qui me paraît à moi ô combien évidente. Il s'agit de Joseph Ponthus, dont le roman / récit "A la ligne" est un témoignage absolument saisissant de ce qu'est un travail pénible ! A lire absolument, c'est donc d'actualité.  

2ème PS : que fiche encore un type de 81 ans à la tête d'une organisation de footballeurs ? Je suis pour la retraite à 80 ans ;-)

* : le caractère irréaliste de la baisse continue de l'âge de la retraite et des histoires que les gens se racontent était déjà gentiment pointé du doigt dans cette émission de télé qui date de 1968 (!).

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