Et si on travaillait pendant 60 ans ?



C'est le Wall Street Journal relayé par l'Opinion qui me fournit le titre de cette chronique.

Lire un papier qui souligne l'intérêt du travail pendant 60 ans et non plus la sempiternelle défense de la retraite à 60 ans, cela mérite un moment d'attention ! Il est temps de parler des carrières ultra-longues et de voir les quelques changements radicaux de paradigmes que cela impliquerait, que le quotidien américain indique et que je m'empresse de relayer. Car, vilain Macron ou pas vilain Macron, nous y filons tout droit, quoi que veuillent en dire les beaux esprits qui nous tiennent le crachoir depuis des semaines.

1- Votre vie professionnelle est une aire de jeux, pas une échelle !

Les manifestants ne veulent pas travailler aussi longtemps dans le même job minable. Je l'espère bien ! Non seulement pas dans le même job mais aussi pas forcément dans la même boîte. Chacun a besoin de suivre ses envies et ses centres d'intérêt. Si je fais un boulot qui ne m'intéresse pas, c'est aussi de ma responsabilité. Pour une de mes voisines de resto d'il y a quelques semaines, cette opinion relève du libéralisme sauvage. 

Pour avoir eu l'occasion d'accompagner des personnes qui n'avaient pas nécessairement le "bagage culturel" (dixit ma voisine de resto) de la bourgeoisie française (à supposer que celle-ci en ait, ce dont ma voisine semblait ne pas douter, personne n'est à un paradoxe près !), je suis tout de même convaincu que les ressources de chacun sont bien plus profondes que ce que les misérabilistes de la révolution permanente veulent nous faire croire. Donc, arrêtons de raisonner comme si rien ne devait changer jamais. Tout change tout le temps plutôt, nous les premiers.

2- La formation est le travail d'une vie

Evidemment changer de job signifie parfois remettre ses connaissances à jour. Ou en acquérir d'autres. Je reconnais que le système de formation en entreprise est très imparfait et que la mise en place du CPF donne lieu à des dérives invraisemblables. Celle qui m'agace le plus étant celle où je vois des entreprises demander à leurs salariés de co-financer avec le CPF les formations qui seront utiles au salarié dans l'entreprise en question. Les dirigeants peuvent parfois être d'un radinisme confondant. Qu'ils ne se plaignent pas de diriger des idiots. A ceux qui s'écrient "tous des cons !", il est bon de répondre : "peut-être, mais qui est leur roi ?".

3- Vie pro / vie perso : c'est la flexibilité qui compte

A titre d'exemples, deux moments sont particulièrement "challenging" : l'arrivée des enfants d'une part et les parents qui deviennent dépendants d'autre part. Face à ces deux événements, l'adulte au travail a besoin de flexibilité pour garder son équilibre. Etre flexible c'est savoir lever le pied, se rendre disponible. C'est un défi pour les personnes, un défi pour les organisations. Ce n'est pas parce que c'est difficile que c'est impossible. 

4- Trouver des stratégies pour reprendre le travail après une pause

Reprendre une activité professionnelle "normale" après un congé parental de 3 ans ou une simple année sabbatique est tout sauf simple. Cela ne veut pas dire qu'il faut se l'interdire. Et encore je ne mentionne là que des pauses a priori volontaires. Une stratégie suppose des objectifs, des messages, des moyens, un budget, un calendrier... Le marketing de soi n'est pas un narcissisme à condamner. J'entends le refrain, "je ne sais pas me vendre". Ceux ou celles qui l'entonnent se sous-estiment. Renforcer son estime de soi, c'est un travail, en effet.

5- Faire vivre son réseau et veiller à son caractère intergénérationnel

Nous vieillissons et notre réseau vieillit avec nous. C'est bien pour cela que nous avons tous besoin de créer des relations solides et riches avec les plus jeunes que nous. Nous allons avoir besoin d'eux, et pas seulement pour qu'ils paient nos pensions ;-) Aux plus seniors de faire grandir les plus juniors. L'ingratitude existe mais elle n'est pas majoritaire, si, si.

6- Quand tout va bien, rester capable d'envisager autre chose

Un principe pour rester en éveil. Pas par peur du lendemain, non, l'épée de Damoclès n'est pas au-dessus de nos têtes ! La curiosité d'esprit contribue à rester vif ! C'est de la jeunesse d'esprit. Cultivons-la.

7- Planifier peu : rien n'est gravé dans le marbre

Un très grand nombre de nos congénères ont besoin de planifier. C'est utile, mais c'est aussi parfois futile. Alors, faites des plans et soyez prêts à les refaire. Encore une fois, les changements sont trop nombreux. Vous imaginiez le Covid ? La guerre en Ukraine ? Bien sûr, il y avait sûrement des signaux avant-coureurs mais qui les avait vus ? Nous en sommes contrariés. C'est normal. Les taureaux se prennent par les cornes. Les dirigeants qui finassent sont les pires. Heureusement que Volodimir Zelensky n'est pas du genre à finasser. Soyez le Zelensky de votre vie professionnelle : vous n'avez pas besoin d'un taxi pour fuir, vous avez besoin de munitions c'est à dire d'imagination, de créativité et d'alliés.

Muni de ses 7 commandements, rien ne vous interdit d'aimer la pêche à la ligne, la belote et l'arrosage des tomates. Au contraire !


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