Chronique de décembre : entre actualité et sauveurs, les avantages du management de transition
L'actualité
Cette affaire de vote sur la loi Immigration, on aurait pu trouver mieux pour clôturer l'année.
Cela dit, nous l'avons bien cherché je trouve. D'abord une majorité quasi-écrasante de nos concitoyens approuve ce qu'il y a dedans si j'en crois des sondages entr'aperçus ici ou là. Les Français ne sont pas les seuls d'ailleurs. Un peu partout la vague monte et il est difficile pour quiconque gouverne de ne pas être menacé de se faire renverser par elle. Regardez le Royaume-Uni avec son Brexit, l'Italie, l'Allemagne, les Pays-Bas, les Etats-Unis, ...Ce sont les mêmes vents qui soufflent.
Alors quand un prof de français se fait égorger au beau milieu de la cour de son lycée par un individu, déjà peu équilibré, et qui a réussi à rester sur le territoire grâce aux astuces juridiques des associations qui l'ont défendu, il est difficile d'éviter de croire que la loi ne mérite pas un tour de vis.
Ensuite nous avons réussi le tour de force de créer la première représentation nationale proportionnelle élue au scrutin majoritaire à deux tours. Quand je vois le pouvoir disproportionné qu'a réussi à tenir dans cette affaire le groupuscule des revanchards LR, je me dis que le scrutin proportionnel tant réclamé par les uns ou les autres ne mènerait qu'à davantage de séquences de ce genre. Je ne suis pas fana des proportions quoi.
Le Président
Cela dit, puisque la leçon du scrutin législatif de 2022 consiste à dire "travaillez ensemble" à nos élus et au président de la République lui-même, il est assez normal qu'il s'incline. Qu'est-ce qui empêchait les partis de gauche en rupture de NUPES de chercher à influer sur le contenu de ce texte ? J'avoue que les anathèmes permanents et les exclusions à répétition de "l'arc républicain" n'ont pas grand' sens et les leçons de morale à répétition, sur ce sujet comme sur à peu près n'importe lequel sont vraiment lassants.
Nous pourrions vraiment devenir dingues, comme le rêvent nos "Ingénieurs du Chaos". Je ne vois pas bien vers quel avenir radieux les amateurs de conflits permanents veulent nous emmener. Quand arriverons nous à les réduire à l'impuissance ?
En attendant, faire avec. Rien ne sert de vitupérer l'actuel "locataire de l'Elysée" selon la litote usuelle. Car, en effet, le camarade Emmanuel n'est que notre "manager de transition". En 2027, nous jouerons à "balles neuves" comme on dit au tennis. Il y aura plus ou moins des héritiers mais je prends les paris que la totalité des futurs candidats s'attacheront à souligner leurs différences vis à vis du "locataire" actuel.
Le camarade Emmanuel devrait d'ailleurs se réjouir d'être ce simple manager de transition, car c'est une mission enviable et à bien des égards très tonique. Parce qu'elles sont à durée déterminée, ces missions donnent à ceux qui l'occupent une grande liberté d'action : il est beaucoup plus facile de se tenir à l'écart des jeux politiques qui existent dans toute organisation, de se concentrer sur les missions à mener, sur les objectifs concrets à atteindre et de regarder les chiens aboyer pendant qu'on fait passer la caravane.
Reste au manager de transition :
- à manifester des compétences managériales solides : savoir prendre des décisions, motiver ses collaborateurs, résoudre les problèmes. Pour un Président de la République, il faut aussi le faire sous la mitraille et les commentaires narquois des observateurs.
- à faire preuve de sa capacité d'adaptation et de sa réactivité : qu'on l'aime ou pas, il me semble que le locataire actuel en fait largement preuve, sous les applaudissements, les cris ou les sarcasmes, ça dépend mais bon, peu importe.
- à tirer parti d'un leadership charismatique : notre "Maverick" comme il aimait lui-même se définir en a fait preuve plus souvent qu'à son tour, en campagne en 2017, en bras de chemise pendant les grands débats ou sur un plateau de l'émission C à vous la semaine dernière. Il a juste oublié de faire campagne en 2022, ou plus probablement pensé qu'il était tactiquement plus malin de s'en abstenir. De fait, il a gagné.
- à faire preuve d'une déontologie et d'une éthique irréprochable : j'en connais qui vont ricaner...
Toutes ces qualités que je viens d'énumérer sont celles que mon camarade IA Bard de chez Google (le cousin concurrent de Chat-GPT) attribue à un manager de transition, en plus de la capacité à communiquer efficacement à l'écrit comme à l'oral, de la capacité à négocier et à travailler en équipe, autre sujet de ricanements possibles.
Outre la liberté d'action qu'elle accorde, Bard attribue aux missions de management de transition les avantages suivants :
- une rémunération attractive. Heureusement les Présidents de la République ne sont pas smicards, mais je pense que le camarade Emmanuel pourra retirer de sa mission actuelle des bénéfices sonnants et trébuchants autrement plus substantiels et probablement moins fatigants une fois qu'il aura quitté l'Elysée.
- la diversité des missions : par définition un Président de la République change de sujets toutes les 5 minutes. Ce qui est un problème d'ailleurs. Mais nous y sommes pour quelque chose à force de croire que cet élu-là doit être omniscient.
- le challenge quotidien : les managers de transition relèvent des défis complexes. C'est le moins que nous puissions dire. Bref c'est stimulant et tonique.
Noël et les sauveurs
Se percevoir comme des managers de transition est évidemment trois tons en dessous de n'importe quel candidat. Comme dirait l'autre, imagine-t-on le général de Gaulle en manager de transition ?
Nous serons probablement réduits à écouter les discours de gaillards et gaillardes qui diront venir nous "sauver". Il est bon de profiter de la période de Noël pour nous rappeler que les Sauveurs ou proclamés tels finissent plutôt mal en général comme diraient les Rita Mitsouko. C'est historiquement documenté cette affaire !
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