La Fièvre : pour, de bonnes ficelles ; contre, mon mauvais esprit



 La série "La Fièvre" est un produit archi-bien ficelé. Il est bien dans la ligne du "Baron Noir" ou des "House of Cards" d'autrefois. Peut-être aura-t-il pour des agences de com' en proie au syndrome #Balancetonagency, le même effet attirant que le Bureau des Légendes a pu jouer pour la DGSE.

J'ai regardé les 4 premiers épisodes à la chaîne et bien sûr j'ai été accroché par l'affaire, non sans ricaner vaguement dans l'arrière-plan quand même.

Un peu de mauvais esprit sur "l'esprit Canal" pour commencer

D'abord c'est sur Canal +, donc si vous pouvez la regarder c'est que vous êtes abonné et il est plus coûteux de s'abonner à Canal qu'à Netflix. Petit parfum de privilégié qui aime le foot, donc proche du peuple. Ensuite, Canal, certes gros financeur du cinéma français, donc une institution louable, reste pour moi l'un des cénacles les plus contents de lui, archétype du média bien-pensant, gauche friquée en fait, un comble pour une chaîne dont l'actionnaire est Vincent Bolloré. 

Canal sent toujours sa cigarette de chanvre et ce petit contentement de soi qui me rendait irrespirable les dernières saisons des Guignols de l'Info, auxquels le mogul de la presse réac' a donné le coup de pied aux fesses salutaire, un acte de lutte contre cette manie des gens de gôche qui se croyaient à l'écran pour toujours au nom d'une vérité bien à eux, permanente et éternelle, alors qu'ils ne faisaient que s'enfoncer dans le fonctionnariat. 

Tout ça pour dire que mon goût pour le foot étant ce qu'il est, mon attirance pour la gauche caviar restant relatif, sans parler de mon peu d'appétence pour les nuques rasées identitaires, je ne suis pas abonné à Canal et n'ait donc vu les 4 premiers épisodes que grâce à un de mes proches dont je loue l'ouverture d'esprit au passage. Il se reconnaîtra 😉Mais c'est la raison pour laquelle il me manque les 2 derniers.

Comme les scénaristes de La Fièvre émargent plutôt du côté de la clope au bar que du cierge à la messe, il faut croire que Bolloré n'est pas forcément l'oligarque réactionnaire sourcilleux que la presse qui pense passe son temps à dénoncer.

Le communicant fantasmé

La série commence par un grand moment de fantasme de communicant mégalo. Confronté au bazar mis dans une cérémonie à deux balles par un de ses joueurs, Benjamin Biollay en patron de club de foot "challenger" fait appel en urgence et tard dans la soirée parce que les réseaux sociaux en font des tonnes, à un patron d'agence encore sur le pont comme son équipe. Tout ce petit monde se pointe façon GIGN chez le client pour le "protéger" des mauvaises ondes.

Je ne doute pas que ce genre de situation se produise. Perso, qu'un joueur de foot perde les pédales dans une cérémonie de remise de prix, que cela mette le feu au pays, je veux bien, mais c'est vrai qu'un véritable événement de crise aurait mérité un peu moins de facilités dans les dialogues et les attitudes, donc va pour cette histoire à la mords-moi-le-noeud.

Dans la réalité d'une crise, je me souviens avoir fait revenir de vacances un dirigeant qui avait envie de laisser les ennuis aux autres et je m'amuse toujours rétrospectivement du coup de soleil splendide que nous mettions à la question dans un de ces media training qui font fantasmer les journalistes qui rêvent de faire ce job tout en lui crachant dessus.

Sinon je n'ai pas bossé dans des agences où il y avait une salle avec un mur d'écran dédié aux réseaux sociaux. Mais j'ai eu un partenaire professionnel qui en rêvait. Il se reconnaîtra s'il me lit. Et je connais un peu une agence actuellement en redressement judiciaire assez capable d'avoir ce type d'équipement. Je me contentais pour ma part d'un service Desk de Twitter qui y fait vaguement penser et je trouvais ça pénible.

La stand-upeuse pas drôle

Face à l'agence en mode urgentiste piqoûzé à X, dans laquelle le boss qui surveille sa rentabilité se coltine une stratège géniale mais un poil dépressive, les scénaristes ont inventé le personnage extraordinaire de la stand-upeuse facho. Il fallait y penser. Interprétée par Ana Girardot, peu suspecte de zemmourisme en plus. 

Bon, why not. Mais j'aurais aimé que le personnage soit quand même un peu plus crédible. Il aurait été souhaitable d'embaucher des vrais fabricants de vannes plutôt que de mettre en scène des séquences qui tombent quand même sacrément à plat. En même temps, pour des types de gauche, mettre en scène une stand-upeuse facho qui pourrait être drôle, ce serait bizarre. C'est aussi d'ailleurs probablement pourquoi le prototype  n'est pas repérable sur le marché. Gaspard Proust à la limite, mais il est meilleur que l'étiquette que certains veulent lui coller.

Le foot ultime refuge

En tout cas les scénaristes ont respecté un truc : le foot. Vache à lait de l'abonnement à Canal +, il ressort de la série comme le dernier endroit où on peut espérer sauver l'esprit de dialogue à condition de ne pas se laisser déborder par la meute débile des journalistes décérébrés. Enfin, c'est là où j'en suis resté (il me manque les deux derniers épisodes)

Bref, la leçon de La Fièvre c'est Mbappé Président

La prochaine saison ?


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