Pleurer l'Amérique

 

Quand j'étais gamin, je chantais à tue-tête une chanson de Joe Dassin : "L'Amériqueu, l'Amériqueu, l'Amériqueu je veux l'avoir et je l'aurai".

J'ai ingurgité quantité de westerns, j'ai imaginé être Zorro de Guy Williams ou Josh Randall alias Steve McQueen, j'ai bien aimé les aventures de RinTinTin ou de Flipper le Dauphin, j'ai préféré de loin Tony Curtis à Roger Moore, bref, j'ai été le parfait petit gars biberonné aux fictions américaines des 60s. 

Je n'en suis pas resté là évidemment et je ne vais pas faire la litanie de ces héros de cinéma : de Clint Eastwood à E.T, de Humphrey Bogart ou John Wayne à Robert de Niro ou Al Pacino, d'Indiana Jones à Butch Cassidy.

Un jour le cinéma saura s'emparer de la bande qui vient de conquérir la Maison Blanche. Ce jour là, nous respirerons mieux.

Un des grands profs croisé pendant mes études, Alfred Grosser, faisait remarquer qu'en 1933, dans la même année, la solidité de la démocratie américaine avait permis à la tempête économique des années 30 de déboucher sur Roosevelt, alors que la faiblesse de la démocratie allemande débouchait sur le nazisme.

En 2025, la démocratie américaine est rongée par les fake news, les mensonges en rafales et la pourriture qu'exhalent X ou Facebook. Elle débouche sur Donald et ses castors juniors pervers : Riri-JD, Fifi-Pete et Loulou-Elon, le quatuor maléfique qui ose invoquer Dieu comme les salafistes osent invoquer Allah.

La démocratie allemande, attaquée de l'intérieur par les héritiers du nazisme et de l'extérieur par les crapules déjà nommées, résiste encore et accouche d'un chancelier qui semble bien capable de dépasser les blocages habituels de son pays et ainsi contribuer à forger une sorte d'ilôt de résistance aux nouveaux maîtres de Washington alliés à l'Imperator russe. J'espère que nous saurons nous aussi dépasser nos blocages habituels. Car ils ont leurs complices sous nos latitudes.

En plus les opposants possibles à la dictature en cours d'installation n'ouvrent pas le bec. Obama est aux abonnés absents, Kamala Harris est un fantôme, pour ne citer qu'eux. S'ils n'ont pas le courage de l'ouvrir, c'est que l'Amérique a le gouvernement qu'elle mérite.

Ce qui me consterne le plus, parmi les effets négatifs innombrables que vont créer les décisions qu'ils prennent, c'est que ces individus arrivent à impressionner un nombre non négligeable de personnes dans nos entreprises, nos organisations, nos associations, nos familles bien sûr. Tous ceux qui se laissent prendre au spectacle de la force et du muscle.

C'est ce client qui m'écrit qu'ils "réussissent sacrément bien dans leur registre, on ne peut pas leur nier cela", un autre qui souligne : "en tout cas ils arrivent à leurs fins", ou cet ami qui dit que "tout n'est pas à jeter", cette autre connaissance qui souligne que "les gens qu'il connaît, aux Etats-Unis, qui ont voté pour eux, ne sont pas tous non éduqués ou arriérés".

Ben, non, j'achète pas. 

Je peux comprendre que Biden et Kamala Harris ne faisaient pas envie, mais je ne reconnais pas une once de valeur à la moindre éructation obscène du mec de la Maison Blanche. Il est grossier et stupide, il n'a rien d'un entrepreneur à succès, Loulou-Elon est riche à millions mais il ignore ce que sont les êtres humains (il me fait penser à Himmler, lire ce bouquin) et Riri-JD est juste le descendant d'une famille totalement dysfonctionnelle qui plaque sur notre monde la vision foireuse que sa famille lui a collé dans le cerveau pendant les premières années de sa vie. Quand à Fifi-Pete, tout biceps tatoués, il n'est qu'un troufion assis sur un tonneau de dynamite avec une boîte d'allumettes.

La vidéo obscène sur Gaza est évidemment terrifiante de bêtise. Son créateur a osé plaider la blague prise au premier degré par Donald. Il n'y a pas de petits profits.

Quant à la séquence multi-commentée et sidérante dans le bureau ovale entre le Gros, Riri-JD et le héros de l'Ukraine, elle fut un monument de manipulation sur lequel je finirai bien par revenir.

Combien de temps cela va-t-il durer ?