Farces et attrapes de rentrée



Il y a quelques bonnes histoires à se mettre sous la dent en cette rentrée, comme on dit en France, puisque le concept de "rentrée" est extraordinairement hexagonal.
Je fais mon choix : le Brexit bien sûr, Salvini, les deux affreux du Nord et du Sud de l'Amérique et le duo Monsanto / Le Monde dont je n'ai pas encore fait mon miel, il est temps que je m'y mette, je tiens à être une abeille consciencieuse.

Brexit : ni Help, ni Let It Be, mais A Hard Day's Night

Commençons par un sujet que j'ai déjà abordé au moins deux fois : ici et , à savoir le Brexit et son héraut Boris Johnson.
A priori, ce que l'ami Boris est surtout en train de fracasser, c'est lui-même. Ne crions pas victoire trop tôt mais il semble bien parti pour sa vautrer dans les grandes largeurs.
Et pourtant il n'est point bête le camarade. Je ne le crois même pas imbu de lui même au point des autres branquignols de la scène internationale. Il a décidé d'y aller, alors il y va. Il manie le glaive à tour de bras contre ses petits copains tories, preuve s'il en fallait que tout ce psychodrame n'est que la résultante d'un débat interne non tranché entre conservateurs britanniques. Tout cela fait beaucoup de vent mais ne fait pas démarrer la mobylette. Michel Barnier, impavide et flegmatique, observe la scène comme nous regarderions un épisode de Kaamelott.

Donc, le 31 octobre, il ne se passera rien. Sinon la reprise d'un dialogue interne au Royaume qui aboutira à l'abandon pur et simple du Brexit. Tout le sujet est de savoir mettre un terme à cette histoire sans que personne ne perde la face. Comment trouver les mots qui réconcilieront ? C'est le seul enjeu en fait désormais.

Et on tuera tous les affreux (un sous-titre emprunté à un autre Boris)

Après la disparition dans un trou du fasciste 2.0 Matteo Salvini, le "The End" du Brexit sera une seconde bonne nouvelle. Car Salvini a disparu, certes pas complètement, ne soyons pas naïfs. Mais le champion des insultes en Europe a gagné le droit d'aller sur la plage. Respirons un peu.

Restent nos deux affreux du continent américain. Je ne leur donne pas longtemps, honnêtement. Bon, dans le cas du Donald, je prends un peu mes désirs pour des réalités pour l'instant. Il ne serait pas malvenu que ses adversaires deviennent un peu sérieux. Mais je crois que la lumière finit toujours par l'emporter. Par contre, le Donald nous a donné une leçon que nous avons besoin de retenir : ce serait bien que l'Europe sorte de l'adolescence et devienne adulte.
Quant à l'autre affreux du Brésil, il finira par tomber dans une embuscade. C'est un sous-capo di tutti capi, une petite racaille. Ces gens là finissent mal et vite en général. Je suis très optimiste.

En fait tous ces braves gens croient que celui qui gueule le plus fort est celui qui gagne. Une sorte d'internationale des gilets jaunes si vous voulez. L'Histoire montre que cela ne marche jamais et que tous ceux qui croient à cela finissent au fond d'une poubelle.

Lisez Steven Pinker ou des extraits de ses bouquins si leur poids vous impressionne, restez optimistes. On ne remporte pas des victoires en soupirant. Demandez à ceux qui, autour de vous, combattent ou ont eu à combattre des maladies longues et graves : ils se lèvent tous les matins avec toute l'énergie à revendre qu'ils sont en mesure de mettre et n'ont pas besoin de regards affligés.

Le Monde et Monsanto : jeu de dupes

J'attaque le dernier chapitre de cette chronique avec la belle histoire du Monde et de Monsanto.

Il y a quelques mois, Le Monde a sorti un papier de derrière les fagots comme il aime. Il portait sur la dénonciation des campagnes de lobbying de Monsanto, présentées comme des campagnes de fichage, de vols de données et de viols des consciences commises par le très affreux petit chimiste américain pour défendre ses produits, dont le très fameux glyphosate. Quand on lisait le dossier du Monde, l'histoire dépassait Cambridge Analytica en ignonimie. Et Le Monde était l'innocent agneau face au loup. Le quotidien portait plainte.

Bon, déjà, Cambridge Analytica ne m'effraie pas spécialement, alors j'avoue que la lecture du Monde m'avait fait intensément rigoler. Ce qu'il y a de bien dans le métier de lobbyiste, c'est sa discrétion. Du coup, quand ça sort, c'est un festival.

Le résultat des courses est moins spectaculaire que ne le prétendait l'article originel. Le Monde s'est d'ailleurs fendu cette semaine d'un article blouguiboulguesque où il sauve la face comme il peut en répétant sur l'air des lampions que le glyphosate c'est mal et Monsanto le diable mais un reste d'honnêteté intellectuelle les oblige à indiquer que, selon le cabinet d'avocats chargé de dépiauter l'affaire, les analyses, les cartographies d'opinions et les listes de personnalités destinataires des communications de Monsanto étaient des pratiques qui ne devaient poser de problèmes à personne.

En langage Le Monde, cela donne ceci : "la conclusion de Sidley Austin est qu’un tel fichage « n’a rien d’illégal ». Le cabinet d’avocats mandaté par Bayer estime que « les opinions sur un produit chimique, une technologie ou une entreprise » ne peuvent constituer des opinions philosophiques ou politiques et pourraient donc être colligées et stockées sans le consentement des intéressés. En outre, selon Sidley Austin, aucune information confidentielle ou obtenue de manière frauduleuse n’a été mise en évidence dans les fichiers consultés."

Bref, pschitt et re-pschitt. Evidemment, si vous lisez l'intégralité du papier, vous verrez que le journal se débrouille pour continuer à semer le doute. C'est ce que j'appelle sauver la face comme on peut.

Je vais finir par passer pour un défenseur de Monsanto et de son produit. Ce n'est pas le cas. C'est vrai, pour avoir oeuvré pendant plusieurs mois il y a plus de 20 ans, pour Fleishman-Hillard à Bruxelles dont Monsanto était le plus gros client, je vais être suspect bien sûr. A l'époque, ce qui occupait mon petit camarade en charge du dossier, ce n'était pas le glyphosate, c'était la biosomatotropine bovine. Une histoire que je réserve à mes meilleurs amis écolos, pour fins de banquets exclusivement :-), après la côte de boeuf sur barbecue.

En fait, ce qui vous vaut ce bout de chronique, c'est mon allergie aux croisades du Monde ou de n'importe quel média contre les "communicants" et les lobbyistes. Elles me font ricaner. 

La vertu des médias est une farce. Je veux bien reconnaître que pour faire mettre un genou à terre à Monsanto tous les moyens peuvent être bons. J'espère que les lecteurs du Monde n'en sont pas dupes.

Allez hop, amusez vous bien maintenant que vous êtes de retour à l'école !


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