Le gala des mégalos
Le titre de cette chronique m'est venu d'une chanson, "Des mégalos pour mes galas" qu'interprétait Au Bonheur des Dames, un groupe de rock parodique des 70s qui me faisait bien rire avec ses chansons à l'humour potache pas méchant dont nous avons, à mon avis, toujours bien besoin : "Sus aux faiseurs de soupe et à tous leurs fans, qu'un sang impur abreuve les sillons de nos 33tours". Voilà des paroles d'une autre chanson de cet album culte qui nous remuent la conscience n'est-ce pas ? 😂
Toutes ces considérations sont bien sympathiques mais mon sujet rigole moins.
J'en ai d'avance assez des plastronneries que nous allons subir en provenance des Etats-Unis pendant au moins les quatre ans qui viennent. Et encore, si nous en restons aux vantardises, nous aurons de la chance.
Mais un certain nombre d'individus vont avoir envie de prendre au sérieux les frasques de gros Donald, d'Elon le psychopathe, de leurs émules françaises et européennes (je ne donne pas de noms mais ça tape dur et tous les bords politiques sont touchés).
Vous pensez, un sociopathe agressif, menteur comme personne, agressif comme jamais, persuadé que c'est en écrabouillant les autres qu'on fait de bonnes affaires (il a fait faillite six fois et il reste des gens pour lui faire confiance !), qui remporte la présidence américaine pour la deuxième fois, voilà qui est inspirant pour nos esprits chaotiques locaux.
Je lis d'excellentes analyses du phénomène et je suis persuadé qu'elles sont justes : rejet des "élites" et victoire des incultes, des crétins, des bas de plafond, etc... Les ploucs à fric et les Gilets Jaunes mondiaux ont pris le pouvoir.
Il va falloir résister. On ne sera peut-être pas très nombreux, mais peu importe, l'esprit de résistance me paraît nécessaire et il peut transcender les clivages habituels. D'ailleurs je suis pour balancer à la rivière les clivages habituels (droite / gauche) et les pépères sur le retour qui frétillent.
Finalement je vais finir par croire que nous nous réjouissons d'avoir une situation budgétaire détériorée. Il est à nouveau bien vu de taper sur les entreprises. Le chômage peut repartir, les marchés financiers nous comparer aux Grecs, la start-up nation était un cauchemar, vive la dépression nerveuse.
Les JO ont été un succès absolu (sportif, organisationnel, de réputation pour nous), Notre-Dame a été reconstruit en 5 ans ce qui était considéré comme impossible. Mais sur France 2 un matin, par exemple, l'animateur en plateau voulait savoir ce qui s'était "vraiment" passé "en coulisses" : "dites moi, ils se sont bien disputés quand même ?". Le complotisme du quotidien.
Le drame que nous enseigne la réélection de Donald Trump est que cette élection ne s'est pas gagnée "au centre" comme cela se produit en démocratie, mais en agrégeant les mécontents de toutes sortes dans un grand délire psychotique national. Les USA ne sont donc plus la grande démocratie qu'ils étaient. Pas plus qu'Israël ne l'est encore. Pas plus que ce que nous risquons nous mêmes de devenir. Le petit jeu de censure / pas censure dont le résultat sort cette semaine nous enverra dans le mur à coup sûr si la censure est votée, comme l'explique quelqu'un d'aussi lucide que Dominique Reynié dans cette intervention.
La prime semble donc devoir revenir à celui qui dira le plus fort n'importe quoi.
Nos braves contemporains ont très peur de tout un tas de choses pour toutes sortes de raisons, parfois bonnes. Ils sont comme des enfants qui font des cauchemars.
Tout parent qui a des enfants qui font un cauchemar sait qu'il convient de rassurer. Donc de donner une information fiable en adoptant une posture rassurante.
Au lieu de cela nous assistons à un déluge de postures agressives (fight, fight, fight) et de fausses informations. Le traitement est donc totalement inapproprié et il va aggraver le problème. L'hystérie est au rendez-vous.
Je viens de voir une pièce de théâtre tout à fait sympathique, Les Téméraires, consacrée à l'attitude de Zola comme de Georges Méliès face à l'Affaire Dreyfus. Ce que Zola dénonce à l'époque ressemble tellement à ce que nous voyons aujourd'hui que c'en est franchement troublant.
Alors je vais m'accrocher à la fameuse phrase : "la vérité est en marche et rien ne l'arrêtera", mais les signaux sont un peu faibles ces derniers temps.
Et pour me rassurer je peux toujours fredonner
"C'est pas qu'ils soient vraiment méchants, tout juste un peu emmerdants, ils croient vraiment qu'ils ont la cote, ils se prennent pas de la cr..."
Et je relis "Humanité, une histoire optimiste", de Rutger Bregman, un bouquin tout à fait roboratif conseillé par un ami et que je recommande vivement !
PS : Quant au groupe Au Bonheur des Dames, il a aussi chanté : "Bébert le dromadaire" 😂
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