Bayrou dans la nasse du Sauveur


J'avais déjà écrit sur le triangle dit "dramatique" formalisé par le Dr Steve Karpman dont nous pouvons observer, sur la planète entière, les conséquences néfastes sur la conduite des affaires publiques. Plusieurs posts y font référence, notamment celui-là.

Je ne me risquerai pas à faire un pronostic sur le vote de confiance réclamé à l'Assemblée Nationale le 8 septembre prochain par le "sosie" béarnais de Richard Gere (selon l'impétrant ☺) mais disons que les choses ne semblent pas très bien engagées.

Personnellement ma passion pour le Béarnais est assez relative, mais le refus d'obstacle à répétition des parlementaires français, je le trouve assez pénible. Quant à ma sympathie pour le Parti Socialiste dirigé par Olivier Faure, elle est très en dessous du niveau de la mer.

Le problème de François Bayrou est dans le film dont il se voit le héros. Il se raconte une belle histoire mais il semble un peu seul dedans. D'ailleurs ses vidéos sur YouTube n'ont pas été un grand succès même s'il n'a pas été mauvais dans l'exercice : mais qui a envie de regarder une vidéo du premier ministre en plein été ?

François Bayrou nous joue une partition de Sauveur. C'est un très mauvais rôle. C'est documenté depuis plus de 2000 ans, j'ai compris qu'il allait à la messe, il devrait donc le savoir ! Et je ne suis pas sûr que la bayrouisme puisse devenir une spiritualité !!

Le caractère toxique de ce rôle est ce dont nous instruit le Dr Steve Karpman avec son triangle qui rassemble trois mauvais rôles : celui du Persécuteur, celui de la Victime et celui du Sauveur.

Ce qu'il y a de bien, si j'ose dire, dans ce Triangle, c'est que celui qui y entre et y invite les autres va très probablement avoir le bonheur d'y jouer les trois rôles car le Triangle est riche en "coups de théâtre" (drama) et c'est bien pour cela qu'il est qualifié de "dramatique".

François Bayrou a donc débarqué à Matignon tout gorgé de ce rôle de Sauveur qu'il avait envie de jouer, réconciliant la gauche "de gouvernement", le centre et la droite dite aussi "de gouvernement", trouvant des méthodes astucieuses pour s'attaquer à la dette, grand sujet pour lui, il faut lui reconnaître cette constance. Bref il venait "redresser le pays" en faisant savoir au passage qu'il avait forcé la main du Président sur l'air du "même pas peur de faire un malheur".

Dans ce film formidable, il est le Sauveur, nous sommes les Victimes et Macron joue le Persécuteur, en alternance avec d'autres.

Le problème est que, dans un film, il y a des rebondissements et donc très vite, face à l'humeur chagrine du citoyen, nous sommes les Persécuteurs, il est la Victime et Macron joue le Sauveur, avec plus ou moins de constance, on ne se refait pas.

Dans la dernière ligne droite, le premier Ministre tente un coup et lance cette question de confiance. Sur le fond je ne discute pas, mais là, il endosse le rôle du Persécuteur, Macron (a minima) serait la Victime et nous serions les Sauveurs.

Au passage, dans un contexte potentiel de négociation comme celui-là, il est bon de retenir que les effets de surprise (c'en fût un) sont considérés comme des procédés déloyaux et précisément destructeurs de confiance. Comme dirait Donald : "François, tu n'as pas les bonnes cartes" ! Bref, le voilà a priori crucifié. Zorro n'est pas arrivé et il s'est piqué avec une rose.

La grosse caisse médiatique a donc choisi de jouer le chant du départ avec des grelots, donc c'est, plateau après plateau, toutes les exégèses possibles sur les "erreurs de communication" de François Bayrou. Quand les journalistes en sont réduits à se concentrer sur les erreurs de communication, je sais qu'on ne nage pas dans le commentaire de haute volée, surtout si Philippe Moreau-Chevrolet est sur le plateau.

Le problème de ce rôle de Sauveur c'est qu'évidemment, à peine le fauteuil libéré, il se trouvera quelqu'un pour vouloir l'occuper, et prêt à recommencer les mêmes bêtises, à savoir faire des promesses qu'il (ou elle) ne pourra pas tenir.

Avis aux candidats : ne cherchez pas à sauver le monde, apportez simplement votre soutien à ceux qui sont vulnérables. Ne jouez pas la victime, acceptez votre vulnérabilité et mettez vous en route pour améliorer votre sort avec sincérité et, si vous avez le pouvoir, ne confondez pas autorité et autoritarisme.

Evidemment, il est possible que cette approche, que Karpman qualifie de "compassionnelle", soit moins "vendeuse" que le théâtre dramatique, mais les blockbusters n'ont pas forcément fait les meilleurs films ! Je suis tombé hier soir sur James Bond sur France 3 et sur Mission Impossible sur une autre chaîne, le blockbuster vieillit à toute allure !

So long...


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