Alstom, la SNCF, les intermittents et le Bac

Entre 2 matches de foot où chacun espère qu'on ne reverra pas se produire la pantalonnade de l'Afrique du Sud (on est rassuré, les matamores de l'époque sont absents du jeu en quasi-totalité), chacun se promène entre les commentaires des uns et des autres sur quelques négociations intéressantes, avec les candidats au Bac en guise de figurants.
Alstom tout d'abord. Il y a truc qui m'échappe. Si l'avis du gouvernement n'a aucune importance, pourquoi le lui demande-t-on, pourquoi prend on la peine de rencontrer un ministre que l'on prendra soin de ne pas informer de l'essentiel au prétexte qu'il serait, lui, son entourage ou ses semblables, trop bavard ? Franchement, en matière de stratégie de com', je ne comprends pas les dirigeants d'Alstom. Entre un Xavier Niel qui raconte à qui veut l'entendre qu'il manipule Arnaud Montebourg comme d'autres jouent aux marionnettes et un Patrick Kron qui lui fait le coup de "je te dis pas tout", je finis par éprouver un peu de compréhension pour notre bouillonnant Ministre. Il a beaucoup péché cependant, c'est vrai, mais bon... Le résultat des courses n'est pas fameux. Ceux qui aimeraient que l'Etat se mêle davantage de ses affaires avant d'aller donner des leçons aux autres se retrouvent avec un dispositif législatif encore plus contraignant. Quel beau résultat ! J'espère au moins que les partisans du coup de force chez Alstom retiendront la leçon. Et je m'étonne que GE soit tombé dans un piège aussi grossier. Puisqu'il y avait besoin de l'Etat pour réussir cette négociation, comment ont-ils fait pour s'imaginer que la stratégie adoptée était celle à suivre ? Encore des entreprises qui utilisent des conseillers en com' sur-vendus :-) Quant au Ministre, je ne donne pas cher de sa réputation le jour où, dans quelques années, on aura sous les yeux des éléments concrets qui permettront de tirer les leçons de cette histoire. On appellera ça une analyse "post-mortem"...
La SNCF. Ah la belle affaire. Nous assistons au merveilleux spectacle du bras de fer. Les muscles s'exhibent, les jugulaires se tendent.... J'avoue ne prendre aucun plaisir à contempler un spectacle que je trouve consternant. Il faut croire que les uns et les autres y trouvent leur compte. Je l'espère pour eux en tout cas, à défaut d'y trouver un sens de l'intérêt général. Notre merveilleux pays aime tellement les rapports de force et croit tellement à la loi pour résoudre ses conflits. J'entendais hier l'histoire d'un conflit vieux de plus de dix ans entre une supérette Simply Market et les copropriétaires d'une résidence dont la supérette occupe tout le rez de chaussée. Histoire triviale, intérêts élémentaires : le bruit, les odeurs, le "fonctionnement normal du magasin", et autres basiques du quotidien. Dans ce genre d'histoires les rapports de force ne servent à rien puisque chacun dépend étroitement de l'autre et la loi n'a pas de solution dans la mesure où aucune limite légale n'est vraiment franchie. Les protagonistes pourraient s'en sortir avec de la créativité, un peu d'empathie, une volonté de régler le problème et moins d'ego. Mais non, les avocats s'en mêlent, les index se dressent, les manoeuvres s'élaborent... 10 ans plus tard le sur-place est fascinant. Tiens d'ailleurs, il y a 10 ans, le gouvernement de l'époque engageait une réforme qui conduisait à séparer la SNCF en 2 entités... avec des objectifs similaires à ceux que poursuit la réforme actuelle. Les cerveaux qui ont permis la naissance et le développement du TGV avaient-ils envie de nous démontrer a contrario qu'ils savaient être les champions du surplace ?
Un dernier point sur les intermittents. Des observateurs s'accordent à reconnaître que les intermittents s'étaient impliqués avec une grande sincérité dans les négociations sur leur régime d'indemnisation. Tout ce travail a donc été mis à la poubelle ou presque. Bref on joue avec les intermittents comme on joue avec Alstom. Il est temps que la culture de la négociation progresse dans ce pays. Tous ces exemples laissent croire que seuls les gros bras ont de l'avenir...On s'étonne ensuite que les soirées électorales soient réfrigérantes.
Aux bacheliers qui n'ont pas été plus en retard que d'habitude hier, un sujet de rattrapage : gros disou et petit faisou sont dans un bateau, gros disou tombe à l'eau, que reste-t-il de nos amours ?
Allez, vive l'été... c'est bientôt

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